Le secteur horloger a retrouvé la confiance malgré les incertitudes
L'horlogerie suisse se montre optimiste relativement à la solidité de la reprise des exportations, qui ont bondi de 40,5% sur un an après neuf mois en 2021. La dynamique 'post-pandémique' ne profite cependant pas de la même manière à tous les acteurs de la branche.
'Il est encore difficile d'évaluer l'ampleur de la reprise', a dit jeudi à Delémont Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH), à l'occasion de la Journée de l'association faîtière. Celle-ci marquait un retour au présentiel après l'annulation de deux assemblées générales, Covid-19 oblige.
L'attente était importante. Pas moins de 150 participants avaient fait le déplacement dans la capitale jurassienne, contre 120 membres d'ordinaire. Avec près de 16,1 milliards de francs entre janvier et septembre, la valeur des exportations dépasse de 1% celle affichée en 2019, avant l'irruption de la pandémie de coronavirus.
Deux locomotives
Chine et Etats-Unis sont les locomotives de la reprise, a relevé Jean-Daniel Pasche, tout en notant la bonne tenue de Hong Kong, au troisième rang. Les grands marchés européens n'ont en revanche pas retrouvé leur niveau pré-pandémique. Le président de la FH a toutefois appelé à la prudence au vu des incertitudes en tout genre.
Sanitaires d'abord, mais aussi toujours géopolitiques, en particulier le conflit commercial entre Pékin et Washington. Jean-Daniel Pasche a aussi rappelé les craintes liées à la montée du protectionnisme, même si de bonnes nouvelles sont venues récemment de Turquie, d'Inde, de Russie et du Royaume-Uni (avec le Brexit).
Pour les trois premiers pays, les problèmes concernaient notamment le dédouanement des métaux précieux. Les intervenants ont encore rassuré les participants en lien avec leurs soucis administratifs, la mission de la FH, à commencer par la traque des copies de montres, avec le développement d'un nouveau logiciel de lutte.
Lutte anti-contrefaçons
L'outil de la cellule internet, fondée en 2005, vise toujours à fermer des sites et à réduire la visibilité des contrefaçons. Il est plus efficace grâce à l'automatisation de la recherche des contrefacteurs, a expliqué Delphine Sarbach, juriste à la FH, dont les propos ont confirmé que la tâche n'avait rien d'une sinécure.
Le label 'swiss made', la révision de 2017 déployant désormais pleinement ses effets, a été évoqué plusieurs fois. Marco Benz, vice-directeur de l'Administration fédérale des douanes, a présenté quant à lui l'impact de la modernisation et de la numérisation au sein de l'AFD sur le quotidien des entreprises.
Au-delà, Jean-Daniel Pasche n'a pas eu de retours concernant d'éventuelles pénuries de matériaux, contrairement à d'autres secteurs, dans le contexte de la forte demande internationale. 'A priori, la production horlogère n'est pas touchée', a précisé celui qui a entamé son dernier mandat à la présidence de la FH.
Dynamique durable
Pour les prochains mois, Jean-Daniel Pasche table sur la poursuite de la dynamique actuelle de reprise, tout en espérant voir les touristes asiatiques revenir en Suisse à terme. Le record des exportations de 2014, avec 22,2 milliards de francs (2019: 21,7 milliards), ne devrait pas être battu, mais peut-être approché.
La baisse constante des volumes des montres exportées continue par ailleurs à préoccuper le secteur, a répété le président de la FH. Ainsi, après neuf mois cette année, ceux-ci ont chuté de 27,1% par rapport à 2019. La diminution du prix moyen reflète les difficultés persistantes des garde-temps d'entrée de gamme.
/ATS