Économie

Les Franches-Montagnes ne doivent pas payer pour d'autres races

02.05.2022 15h07

Les Franches-Montagnes ne doivent pas payer pour d'autres races

Albert Rösti, le président de la Fédération d'élevage de la race des Franches-Montagnes, est arrivé en calèche tirée par quatre chevaux à l'Office fédéral de l'agriculture où il a remis la réponse à la procédure de consultation contestée.

Photo: KEYSTONE/PETER KLAUNZER

Le soutien à toutes les races indigènes menacées sur le modèle de la prime que reçoit le cheval Franches-Montagnes ne doit pas se faire sur le dos de ce dernier. Parmi les 22 ordonnances en consultation, celle qui étend la prime de préservation est la plus contestée.

La Fédération d'élevage de la race des Franches-Montagnes a mis en scène sa réponse à la procédure de consultation de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) qui se termine lundi. Une délégation composée d'un attelage à quatre chevaux escorté d'une demi-douzaine de cavaliers la lui a apportée à son siège à Berne. Elle a été remise en mains propres au directeur de l'OFAG Christian Hofer par le président de la fédération d'élevage et conseiller national Albert Rösti (UDC/BE).

Donnant suite à des interventions parlementaires, cette ordonnance veut introduire une prime de préservation pour les races suisses en situation critique ou qui sont menacées. Elle sera versée par animal sur le modèle de ce qui se fait aujourd'hui pour la seule race de chevaux des Franches-Montagnes, qui sera dorénavant encouragée par l’intermédiaire de cette mesure, écrit l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG).

Cela se fera par une 'légère réaffectation des moyens issus de la promotion classique de l'élevage', environ 3 millions, soit près de 10% du crédit consacré à l'élevage, et par l'utilisation des moyens actuels pour la prime de conservation du cheval des Franches-Montagnes', a précisé Florie Marion, porte-parole de l'OFAG à Keystone-ATS.

Comme davantage de races menacées sont désormais soutenues, la prime de maintien pour le cheval des Franches-Montagnes diminue. Alors que 853'000 francs ont été dépensés pour la prime de maintien du cheval des Franches-Montagnes en 2021, l'estimation à l'avenir est de 320'000 francs, précise l'OFAG.

Augmenter l'enveloppe

Pour les éleveurs de la seule race de chevaux originaire de Suisse, la survie de la race des Franches-Montagnes serait ainsi grandement mise en péril. Selon la Fédération d'élevage de cette race, si cette ordonnance devait être validée telle quelle par le Conseil fédéral, le montant des primes pour les chevaux FM serait diminué par moitié et le nombre de chevaux ayant droit à la prime réduit des deux tiers.

Les éleveurs ont le soutien du Parlement jurassien, qui a adopté à l'unanimité une résolution ce printemps: 'L'exécutif fédéral met en péril la dernière race chevaline indigène, la seule ayant résisté à la mécanisation agricole au cours du 20e siècle'. L'Etat jurassien précise bien qu'il n'est pas opposé à ce que des contributions soient versées à toutes les espèces menacées, mais il faut aussi augmenter l'enveloppe pour maintenir la prime au même niveau.

L'Union suisse des paysans (USP) ne dit rien d'autre: la faîtière souhaite que le budget alloué à la promotion prévue des races d’animaux de rente menacées soit augmenté sans qu’en pâtissent les programmes de promotion déjà existants, comme celui de la race des Franches-Montagnes.

Compenser l'armée

Ce n'est pas la première fois que les éleveurs et les autorités jurassiennes montent au créneau pour défendre ce soutien fédéral à 'leur' cheval déjà remis en question par le passé. Régulièrement les conseillers fédéraux sont venus au Marché-Concours de Saignelégier pour les rassurer.

C'est d'ailleurs lors de l'édition de l'an 2000 que le ministre de l'économie d'alors, Pascal Couchepin, leur avait annoncé la bonne nouvelle de l'introduction d'une prime. Cette subvention annuelle devait alors compenser en partie la prime de garde versée par l'armée et supprimée au milieu des années 90.

Ces 22 ordonnances, 18 du Conseil fédéral, trois du Département de l'économie et une de l’OFAG, seront probablement adoptées par le Conseil fédéral en novembre 2022. Les nouvelles dispositions devraient entrer en vigueur, pour une grande partie d’entre elles, le 1er janvier 2023.

/ATS