Économie

Les boutiques de seconde main tiennent le cap face au commerce en ligne

04.10.2024 10h50 Lucie Hainaut

Boutique vintage

La vente de vêtements entre particuliers est en plein boom. À titre d’exemple, le site Ricardo.ch enregistre une croissance annuelle de 16% dans ce secteur. Alors est-ce encore rentable d’avoir un magasin de mode de seconde main avec pignon sur rue? Si leur elles ne courent pas les rues, les boutiques vintage physiques ont trouvé des stratégies pour se faire une place.

Tout commence en 2012 pour Teresa Fini: elle vend des vêtements vintages sur Facebook puis sur Asos. 11 ans plus tard elle inaugure son magasin, en juin 2023. Un choix qui peut sembler audacieux puisque les Suisses achètent énormément sur internet, mais la fondatrice est confiante: «On est en train de grandir. Je n’ai peut-être pas atteint les objectifs fixés au début mais là, on est gentiment en train d’y arriver» sourit la créatrice de Purple and Gold Rain.

Combiner physique et online pour grandir...

L’entrepreneuse vient de lancer son nouveau site de vente de vêtements en ligne: «Aujourd’hui juste avoir un store physique et vivre dessus c’est possible. Maintenant j’ai des ambitions plus grandes, je veux ouvrir d’autres commerces en Suisse et à l’international alors le online nous permettra d’atteindre ces objectifs» confie Teresa Fini.

...ou choisir de se concentrer sur la vente physique

Autre boutique, autre stratégie: la friperie Wood est à Genève depuis douze ans. Elle a proposé des vêtements en ligne pendant le covid mais aujourd’hui, la vente physique suffit pour payer les salaires de trois équivalent temps plein. «Au début, je dirais les cinq premières années, ça a été compliqué. À partir de 2017-2018 on a vraiment senti un changement et tout ce qui a été post-covid on a constaté un décollage et un réel intérêt pour le vêtement de deuxième main» récapitule Mahi Durel, la fondatrice. 

Les plateformes ramènent des clients en boutique

Avec cet engouement grandissant pour le vintage, même la vente entre particuliers n’est pas vue comme une menace: «Je pense qu’il y a un réel bénéfice à ce qu’il existe des plateformes comme Vinted, parce que ça incite les gens qui n’ont peut-être pas l’habitude de s’habiller avec des vêtements de seconde main de gentiment s’y mettre et ensuite de venir dans des magasins comme le nôtre» détaille-t-elle. 

Un secteur qui rencontre malgré tout des difficultés

Katia Vladimorova travaille sur la mode durable. Elle sait que certaines boutiques de seconde main indépendantes peinent à s’en sortir. Leur nombre reste stable, mais il en existe peu dans le canton. Selon la chercheuse, ces commerces devraient bénéficier de loyers subventionnés, ou d’aides pour la communication: «Ils ont besoin de soutien économique de la part de la Ville et du canton, c’est une situation qu’on ne peut pas laisser comme ça: attendre qu’ils se développent et espérer qu’ils gagnent contre les grandes plateformes et les marques de fast-fashion» argumente-t-elle.

Si certains commerces peinent à être rentables, il semble qu’il y ait tout de même un marché côté consommateurs, puisque les Suisses achètent 23 kilos de vêtements par an. Ils ont probablement la place dans leur armoire pour de tout: des habits achetés en ligne, et en magasin, de première, et de seconde main.