Économie

Nouvelles menaces de l'Iran contre les Etats-Unis, raids israéliens

23.06.2025 10h06

Raids israéliens à Téhéran: les Gardiens et la prison d'Evine visés

Une photo fournie par le bureau des médias de l'armée iranienne lundi montre le commandant en chef de l'armée iranienne Amir Hatami (au centre) assistant à une réunion dans la salle de commandement de guerre de l'armée iranienne, dans un lieu inconnu.

Photo: KEYSTONE/EPA/IRANIAN ARMY MEDIA OFFICE HANDOUT

Israël a annoncé lundi des frappes d'une force 'sans précédent' sur Téhéran. Il a visé des centres de commandement de l'armée idéologique du pouvoir et la tristement célèbre prison d'Evin, après plusieurs salves de missiles tirées par l'Iran sur l'Etat hébreu.

Au lendemain des frappes américaines qui ont, selon le Pentagone, 'dévasté le programme nucléaire iranien', la Maison Blanche a pour sa part pressé le pouvoir iranien de reprendre les négociations nucléaires, s'il voulait se maintenir à la tête du pays.

Téhéran a menacé les Etats-Unis d'une 'action ferme' après ces bombardements du site souterrain d'enrichissement d'uranium à Fordo et d'installations nucléaires à Ispahan et Natanz (centre). Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a jugé impossible à ce stade d'évaluer l'étendue des dégâts et réclamé lundi un accès aux sites nucléaires iraniens.

'Organes de répression'

L'armée israélienne 'mène des frappes d'une puissance sans précédent contre des cibles du régime et des organes de répression' à Téhéran, dont 'la prison d'Evine, le quartier général de la sécurité intérieure des Gardiens de la révolution et le quartier général du Bassidj (milice de volontaires islamistes)', a dit le ministre de la Défense Israël Katz sur X.

La justice iranienne a fait état de dégâts dans certaines parties de la prison d'Evine, où sont détenus des Occidentaux, prisonniers politiques et opposants.

Cette frappe 'met nos proches en danger de mort', a déclaré à l'AFP Noémie Kohler, la soeur de Cécile Kohler, une Française détenue depuis plus de trois ans avec son compagnon Jacques Paris à la prison d'Evine.

Des épais nuages de fumée se sont élevés de plusieurs points de Téhéran, selon des journalistes de l'AFP sur place. L'agence de presse Tasnim a aussi fait état de raids israéliens sur le site de Fordo enfoui sous une montagne, au sud de Téhéran, dont l'armée israélienne a dit chercher 'à bloquer les voies d'accès'.

Les 'boums'

A plus de 1500 km de là, en Israël, les sirènes d'alerte ont retenti dans plusieurs régions après des salves de missiles iraniens, conduisant les habitants aux abris. 'Ici, on entend moins les 'boums'', confie à l'AFP Muriel Azria, professionnelle du tourisme, qui comme de nombreux habitants de Tel-Aviv a pris l'habitude de se réfugier la nuit dans le métro et les parkings de la ville.

Des dégâts 'près d'une installation stratégique' du réseau électrique ont perturbé la distribution de courant dans le sud, a indiqué la compagnie publique, sans préciser la cause de ces dommages.

L'Iran menace les Etats-Unis

Le chef d'état-major des forces armées iraniennes, Abdolrahim Mousavi, a encore promis lundi une 'action ferme' après l''erreur américaine'. 'Ce crime et cette profanation ne resteront pas sans réponse', a-t-il averti.

La veille, Ali Akbar Velayati, un conseiller du guide suprême Ali Khamenei, avait menacé d'actions contre les bases militaires américaines au Moyen-Orient.

La Maison Blanche a assuré lundi que les Etats-Unis 'surveillent activement la situation dans le détroit d'Ormuz', auquel 'le régime iranien serait stupide' de s'en prendre.

Le secrétaire d'Etat Marco Rubio avait appelé dimanche la Chine à intervenir auprès de l'Iran pour le dissuader de riposter à l'attaque américaine en fermant cette route maritime clé, par où transitent 20% du pétrole produit dans le monde.

Invoquant la 'situation sécuritaire' dans la région, des compagnies pétrolières étrangères dans le sud de l'Irak ont 'évacué' une partie de leur personnel étranger. La télévision d'Etat iranienne a par ailleurs annoncé lundi l'arrestation d'un 'ressortissant européen' soupçonné d'être un 'espion' au service d'Israël, sans plus de précision.

Evaluation des dégâts

Le président américain Donald Trump s'est prévalu dimanche de 'dommages monumentaux' infligés 'à tous les sites nucléaires en Iran'. Des responsables israélien et américain ont toutefois dit toujours évaluer les dégâts, des experts estimant que le matériel nucléaire pourrait avoir été évacué des sites visés.

Ali Shamkhani, un conseiller du guide iranien, a affirmé que l'Iran possédait toujours des stocks d'uranium enrichi.

L'Iran a enrichi de l'uranium au niveau élevé de 60%, selon l'AIEA, proche du seuil de 90% requis pour fabriquer une bombe atomique. Mais l'agence dit n'avoir décelé jusque-là aucun indice d'un 'programme systématique' iranien de production d'une arme nucléaire.

'Changement de régime'?

Donald Trump, qui avait relancé les négociations avec Téhéran pour encadrer son programme nucléaire - lancées en avril sous médiation d'Oman - est 'toujours intéressé' par un règlement diplomatique, a affirmé lundi la porte-parole de la Maison Blanche.

Mais 'si le régime iranien refuse de s'impliquer dans une solution diplomatique (...) pourquoi le peuple iranien ne retire pas le pouvoir à ce régime incroyablement violent qui le réprime', a-t-elle interrogé.

'Si le régime iranien actuel est incapable de rendre à l'Iran sa grandeur, pourquoi n'y aurait-il pas un changement de régime ???' avait écrit la veille M. Trump sur son réseau Truth social.

/ATS