Économie

Pollution des sols: nouvelles analyses et restrictions à Lausanne

19.01.2023 13h57

Pollution des sols: nouvelles analyses et restrictions à Lausanne

L'Etat de Vaud et la Ville de Lausanne ont présenté jeudi les démarches en cours dans le dossier de la pollution des sols aux dioxines dans la région lausannoise (archives).

Photo: Keystone/LAURENT GILLIERON

A la suite de la pollution des sols aux dioxines découverte à Lausanne en 2021, l'Etat de Vaud et la Ville ont précisé jeudi l'étendue des dégâts après de nouvelles analyses en 2022. Une cinquantaine de restrictions et interdictions supplémentaires seront établies.

'Nous sommes face à une pollution inédite et à de nombreuses inconnues. Nous voulons avoir la vision la plus claire et détaillée possible de l'ampleur de la pollution', a déclaré devant la presse le conseiller d'Etat en charge de l'environnement Vassilis Venizelos. Aucune nouvelle source de pollution aux dioxines n'a été identifiée dans la région lausannoise, a-t-il précisé d'emblée.

Les 231 nouvelles analyses des sols menées l'an dernier ont conduit à un ajustement du périmètre concerné par la pollution, précisant les zones de recommandations sanitaires (consommation d'aliments et ingestion de terre). Elles ont aussi permis d'établir deux nouvelles cartes, une pour la gestion des matériaux terreux (issue par exemple d'un chantier) et une autre pour les besoins d'investigation des assainissements des sols pollués.

Elles s'ajoutent aux 209 analyses déjà faites en 2021, après la découverte de la pollution en mai de la même année, soit désormais 440 au total. M. Venizelos a rappelé que la collaboration étroite entre les services de l'Etat avec la Ville de Lausanne et les autres communes concernées (Pully, Epalinges, Le Mont-sur-Lausanne) était 'excellente'.

'Risques faibles'

Sur la base des nouvelles analyses de sol, 52 nouvelles décisions de restriction et d'interdiction de l'usage des sols seront notifiées par les autorités cantonales, responsables en la matière: treize à l'attention de propriétaires privés et 39 à l'attention d'entités publiques (38 à Lausanne et une au Mont-sur-Lausanne). Elles s'ajoutent, elles, à onze décisions déjà prises en 2021 et 2022.

Ces mesures visent à limiter la consommation d'oeufs et de cucurbitacées ainsi que de prévenir l'ingestion involontaire de terre. Elles doivent être notifiées au détenteur d'une parcelle dès lors que le seuil d'investigation de 20 nanogrammes par kilo de sol (ng TEQ/kg - unité de mesure de toxicité) est dépassé.

En matière de santé publique, le médecin cantonal Karim Boubaker a pour sa part parlé 'd'apprentissage permanent' et de 'pondération des risques'. Il s'est voulu rassurant: 'A l'heure actuelle, le risque de développer une maladie est excessivement faible voire nul'.

Il s'agit toutefois de continuer à respecter des recommandations: ne pas manger de la terre (porter une attention particulière aux enfants en bas âge, en raison du réflexe main-bouche), se laver les mains après avoir manipulé de la terre et en rentrant d'une activité à l'extérieur, laver les fruits et les légumes provenant des jardins.

Etude sur l'exposition aux dioxines

M. Boubaker a indiqué qu'une étude d'Unisanté sur l'exposition aux dioxines de la population lausannoise débutera en ce début 2023, sur un échantillon de 100 à 200 personnes. Elle vise à définir des valeurs de références de cette imprégnation dans la population générale et à mettre en évidence le niveau d'exposition de cette population.

La concentration de dioxines dans le sang de personnes à l'intérieur du périmètre de pollution sera ainsi comparée à celle de la population vaudoise. Les résultats sont prévus vers mi-2024.

Prudence avec les oeufs

Les recommandations sanitaires sont par ailleurs étendues pour la consommation des œufs dans certaines zones. Une nouvelle étude, réalisée en 2022 par Unisanté, démontre en effet que les concentrations en dioxines dans les œufs peuvent se révéler conséquentes pour des concentrations dans les sols relativement faibles.

Cela s'explique par l'ingestion directe de terre polluée par les poules et l'accumulation des dioxines dans leur tissu graisseux. Ainsi, pour les détenteurs de volailles, la recommandation de ne pas consommer plus d'un œuf, issu de leur poulailler, par personne et par semaine s'étend désormais à un territoire plus large.

Assainissement complexe

S'agissant de l'assainissement des sols pollués, Vaud promet le lancement de projets-pilotes afin de trouver des techniques innovantes pour traiter et décontaminer la terre sur place, comme par exemple la phytoremédiation (approche biologique). Quelque 4000 parcelles sont potentiellement concernées et seront assainies si elles sont identifiées comme polluées, soit supérieures à 20 ng TEQ/kg. Cela concerne les jardins privés et familiaux, les places de jeux et les autres lieux où des enfants jouent régulièrement.

La question des responsabilités et des coûts de ce gros travail reste toujours en suspens. Le Canton compte sur un soutien financier fédéral.

C'est à la mi-mai 2021 que la Ville de Lausanne avait annoncé la découverte d'une ancienne pollution aux dioxines dans le centre et le nord de la ville. Les fumées de l'ancienne usine d'incinération du Vallon, démantelée à la fin des années 2000, semblent en être à l'origine.

/ATS