Économie

Trump célèbre une trêve avec Londres pour le 8 mai

08.05.2025 17h16

Trump présente un accord "historique" entre Londres et Washington

Le président Trump a vanté depuis la Maison Blanche un accord "historique" avec la Grande-Bretagne.

Photo: KEYSTONE/AP/Evan Vucci

Un accord commercial a été présenté jeudi comme 'historique' par Londres et Washington: il permet au Royaume-Uni d'échapper au gros des surtaxes américaines sur ses voitures et ouvre davantage le marché britannique aux produits agricoles américains.

Jusqu'ici, les exportations britanniques étaient comme les autres entravées par l'offensive protectionniste de Donald Trump (+25% sur l'acier, l'aluminium et les voitures, +10% sur le reste des produits).

Le gouvernement du travailliste Keir Starmer a réussi à alléger la facture, qui reste plus élevée qu'avant le retour du républicain à la Maison Blanche.

La surtaxe de 10% - qui s'additionne aux droits de douane existant avant l'investiture de Donald Trump - reste en place. Le président américain a considéré jeudi que son niveau était 'bas'.

Automobile, acier, aluminium: traitement de faveur pour Londres

Dans un communiqué, le gouvernement britannique se félicite d'avoir 'tenu sa promesse de sauver l'acier et les constructeurs automobiles britanniques'.

Les droits de douane sur les voitures britanniques sont 'immédiatement' rabaissés, passant de 27,5% - l'addition de la surtaxe de 25% et des droits de douane antérieurs - à 10% pour un quota annuel de 100'000 voitures.

Celui-ci, souligne Downing Street, correspond 'quasiment' au nombre de véhicules exportés depuis le Royaume-Uni l'an dernier.

Londres ajoute que les droits de douane sur l'acier et l'aluminium sont 'ramenés à zéro'.

Dans sa communication, Washington mentionne seulement 'une nouvelle union commerciale' concernant ces métaux.

Sollicitée par l'AFP pour des précisions à ce sujet, la Maison Blanche n'a pas donné suite.

Agriculture: des quotas réciproques

Selon Londres, les deux pays sont convenus d'ouvrir réciproquement leur marché à davantage de boeuf produit des deux côtés de l'Atlantique. Les éleveurs britanniques disposeront ainsi d'un quota sans droits de douane de 13'000 tonnes.

Les Etats-Unis ne précisent pas le volume concerné de leur côté mais, selon la ministre américaine de l'Agriculture, Brooke Rollins, cela va 'augmenter de manière exponentielle' les exportations de boeuf américain.

Washington a aussi obtenu un quota d'exportation d'éthanol sans droits de douane.

Le gouvernement britannique insiste sur le fait qu'il ne fera pas de concession en matière de normes sanitaires sur les aliments importés, fermant ainsi ses portes au boeuf aux hormones et au poulet lavé au chlore.

Londres n'est pas non plus revenu sur sa taxe sur les services numériques - une attente des géants américains de la tech - qui rapporte 800 millions de livres par an.

La question des produits pharmaceutiques

Le gouvernement américain n'a pas encore imposé de nouveaux droits de douane sur les produits pharmaceutiques, mais prévoit de le faire à l'avenir.

Le secteur est particulièrement important pour le Royaume-Uni, où sont basés deux géants du secteur, AstraZeneca et GSK.

Selon le gouvernement britannique, 'les États-Unis ont accepté d'accorder un traitement préférentiel au Royaume-Uni en cas de nouveaux droits de douane' sectoriels.

Les limites de l'accord

Une source du gouvernement britannique a précisé à l'AFP qu'il ne s'agissait pas d'un accord de libre-échange à part entière entre les deux alliés historiques, plutôt d'un 'document de conditions générales' établissant des compromis, ainsi qu'un cadre pour des discussions approfondies plus tard.

Le déficit commercial des Etats-Unis est une obsession pour Donald Trump, mais son pays vend un peu plus de biens au Royaume-Uni que l'inverse, selon les données officielles américaines.

Un accord avec Londres était 'la moisson la plus facile' pour le gouvernement américain, a déclaré à l'AFP Josh Lipsky, directeur du département de géoéconomie du groupe de réflexion américain Atlantic Council.

'C'est un accord positif mais très limité dans son périmètre', ajoute-t-il. 'S'il a fallu 40 jours pour en arriver là [avec le Royaume-Uni], ce sera beaucoup plus difficile pour les pays avec lesquels les Etats-Unis ont un déficit commercial significatif, comme le Japon et l'Inde.'

Selon Paul Ashworth, spécialiste de l'Amérique du Nord pour Capital Economics, ce que à quoi les pays ont abouti 'dans la précipitation' n'a rien de l'accord 'complet et exhaustif' vanté par Donald Trump.

Alors que des discussions sont prévues en Suisse ce week-end entre hauts responsables chinois et américains, 'cet empressement à afficher des progrès sur les 'deals' révèle une volonté de plus en plus désespérée (du gouvernement Trump) de revenir sur les droits de douane avant qu'ils n'affectent la croissance et l'inflation', écrit l'économiste dans une note.

/ATS