Économie

Un millier de personnes à Paris « contre les violences policières »

08.07.2023 17h19

2000 personnes à Paris "contre les violences policières"

Assa Traore, demi-soeur d'Adama Traore, samedi lors d'une protestation contre les "violences policières" en France.

Photo: KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT

Quelque 2000 personnes se sont rassemblées samedi à Paris dans le calme, en mémoire d'Adama Traoré, malgré l'interdiction des autorités. Des 'marches citoyennes' empreintes de 'deuil et colère' contre les 'violences policières' ont eu lieu dans d'autres villes.

Assa Traoré, soeur d'Adama et figure du combat contre les violences policières, avait annoncé qu'elle serait présente 'à 15h00 Place de la République', après l'interdiction de la marche annuelle prévue à Persan et Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) en mémoire de son frère décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016.

Elle a pris la parole debout sur un banc de la place, devant plusieurs élus de gauche et entourée d'un important dispositif des forces de l'ordre. 'On marche pour la jeunesse, pour dénoncer les violences policières. On veut cacher nos morts', a-t-elle déclaré, devant notamment la cheffe de file des insoumis à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, les députés Eric Coquerel et Louis Boyard, portant leur écharpe tricolore, comme Sandrine Rousseau (EELV).

Interpellations

Malgré les demandes de dispersion et quelques verbalisations constatées par l'AFP, les manifestants -- au moins 2.000 selon l'AFP--, scandant notamment 'Justice pour Nahel' ou 'Nique la police', sont ensuite partis en cortège, dans le calme, avant qu'Assa Traoré ne leur demande de se disperser 'sans violence'. La majorité d'entre eux avait quitté les lieux vers 16h30.

Deux personnes ont été interpellées, dont Youssouf, l'un des frères d'Assa Traoré, 'alors que tout s'était bien passé', a déploré sur Twitter Eric Coquerel. La préfecture de police a confirmé son arrestation pour 'violences sur personne dépositaire de l'autorité publique', sans détailler ces violences.

Selon le Comité Adama qui n'avait pas de précision sur son état, il a été transféré du commissariat à l'hôpital.

Plusieurs journalistes ont par ailleurs dénoncé sur les réseaux sociaux, preuves en images à l'appui, avoir été violemment repoussés par des policiers en couvrant ces interpellations.

La préfecture de police avait interdit dans la matinée ce rassemblement non déclaré, car 'présentant des risques de troubles à l'ordre public', en rappelant le 'contexte tendu' et les 'cinq nuits consécutives' de violences urbaines après le décès de Nahel M., 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin à Nanterre.

Une enquête a été ouverte à l'encontre d'Assa Traoré, 'organisatrice' du rassemblement interdit, a affirmé la PP dans un communiqué.

'Du ferme pour la police'

Une trentaine de manifestations étaient organisées dans le pays - ils étaient notamment 640 à Nantes, 400 à Strasbourg, 200 à Bordeaux, une centaine à Dijon, 450 à Vénissieux (à côté de Lyon).

A Lille, la manifestation a été interdite par la préfecture.

A Marseille, 750 personnes se sont rassemblées selon la préfecture, dont le députés insoumis Manuel Bompard, 'stupéfait' du 'déni' des autorités sur le problème des violences policières. 'Manifestement le pouvoir politique a l'intention de parler de tout sauf de ça, donc c'est utile qu'il y ait des manifestations', a-t-il dit.

'Ça suffit, les coups de fusil, les LBD etc. On a besoin de policiers de proximité', a déclaré Geneviève Manka, retraitée, dans la manifestation de Strasbourg où une pancarte réclamait 'du ferme pour la police'.

A Angoulême, ils étaient près de 300 pour réclamer 'justice' pour Alhoussein Camara, Guinéen de 19 ans touché mortellement par un tir de policier lors d'un contrôle routier mi-juin.

Près d'une centaine d'associations, syndicats et partis politiques classés à gauche, parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires, ont appelé à ces 'marches citoyennes', pour exprimer 'deuil et colère', dénoncer des politiques jugées 'discriminatoires' contre les quartiers populaires et demander 'une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d'intervention et de son armement'.

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a critiqué vendredi des organisations dont 'la seule proposition', selon lui, est 'd'appeler à manifester (...) dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des saccages'.

La mort de Nahel et les violences urbaines qui ont suivi - sans précédent depuis 2005 - ont jeté une lumière sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l'ordre.

/ATS