Économie

Une seule grande banque est une catastrophe pour la démocratie

22.03.2023 06h37

Une seule grande banque est une catastrophe pour la démocratie

UBS a désormais une énorme influence, y compris sur la BNS et sur sa politique monétaire, estime Urs Birchler (archives).

Photo: KEYSTONE/ENNIO LEANZA

Une place financière suisse avec une seule grande banque est une catastrophe pour la démocratie et la politique monétaire, estime l'économiste Urs Birchler. La concurrence va en souffrir et il ne sera plus possible de légiférer de manière neutre, lâche-t-il.

'Si le monde politique traite désormais des lois sur les banques, ce sera toujours une loi contre un établissement en particulier: UBS', déclare M. Birchler, l'un des pères de la réglementation 'too big to fail', dans un entretien diffusé mercredi par Republik, trois jours après la reprise de Credit Suisse par UBS. 'Une législation qui n'a pas une certaine neutralité de base est délicate'.

Bien qu'il existe encore un certain contrepoids sur le marché hypothécaire, grâce aux banques cantonales notamment, la concurrence est menacée, remarque l'expert, qui a fait partie de la direction de la Banque nationale suisse (BNS). Selon lui, les petites banques risquent d'aligner leurs taux sur ceux d'UBS. 'On peut s'attendre à ce que les hypothèques, par exemple, aient tendance à devenir un peu plus chères'.

'Tout va de travers maintenant', note M. Birchler. 'UBS est désormais comme un enfant unique sorti du cadre familial, un enfant unique qui génère un bilan deux fois plus important que le revenu annuel de ses parents'. Cette situation confère à UBS une grande influence, y compris sur la BNS et sur sa politique monétaire, ajoute-t-il.

Et le droit de la concurrence, le droit des actionnaires, le droit de la prise de contrôle et le droit de propriété ont été bafoués pour arriver à ce résultat, relève le professeur émérite à l'institut de la banque et de la finance de l'université de Zurich. 'La Suisse n'est plus la même aujourd'hui qu'il y a deux semaines. La sécurité juridique n'existe plus'.

/ATS