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Entre États-Unis et Russie, «une meilleure compréhension»

21.01.2022 19h31 Philippe Verdier et Martin Esposito

Switzerland United States Russia Ukraine

Une fenêtre de dialogue qui se réduit, un Ignazio Cassis pro de la diplomatie: voici tout ce qu’il faut retenir de la rencontre entre Sergueï Lavrov et Antony Blinken.

Le thermomètre est au plus bas. Et le temps y est pour quelque chose. Tout d’abord, les discussions n’ont duré que deux petites heures, contre sept longues heures lors du sommet Biden-Poutine. Les observateurs remarqueront aussi la météo: un gros soleil en juin dernier, un vent glacial ce mois-ci.

Celui qui s’est fait remarquer en ce jour, c’est Ignazio Cassis. S’il n’était pas présent lors du sommet entre les deux présidents, l’actuel président de la Confédération a une vision très claire du dossier. Mais la Suisse joue son rôle neutre. Alors la clé serait l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). «J’ai présenté à la présidence de cette organisation, vendredi passé; un plan d’action pour renforcer l’OSCE, a déclaré Ignazio Cassis.»

Maintenant, les États-Unis et la Russie vont échanger principalement par écrit. Mais le prochain rendez-vous aura lieu à Lugano: en juin, une conférence sera donnée pour évoquer l’avenir de l’Ukraine.

Daniel Warner et Guy Mettan nous livrent leur analyse de ces échanges

Pour Daniel Warner, la journée n’a pas été si productive. «Messieurs Lavrov et Blinken ont annoncé qu’ils allaient continuer à échanger, mais Antony Blinken précisé que cela n’était pas une négociation. Je ne comprends pas. Je suis sûr qu’il y a des échanges qui restent confidentiels.» Un nouveau sommet Biden-Poutine serait une solution pour le politologue. «Les Russes ont toujours peur que l’Ukraine rejoigne l’OTAN, ajoute-t-il. Il y a toujours des négociations et des compromis.»

Pour le journaliste Guy Mettan, c’est l’architecture de la sécurité en Europe qui est en cause. «Depuis une vingtaine d’années, la Russie est exaspérée par le comportement des États-Unis, qui est vu comme une superpuissance très agressive. La Russie est comme un éléphant, les autres ce sont des carnivores. L’éléphant russe a tapé le pied sur le sol, d’où cette confrontation inédite pour les États-Unis.» À côté, «L’Ukraine n’a fait que commettre des actes désagréables vis-à-vis de la communauté russophone, depuis la signature des accords de Minsk en 2015. D’où leur non-présence a la table de négociation»

Mais tout n’est pas perdu, «Ce matin, Foreign Affairs a sorti deux articles se questionnant sur l’interventionnisme excessif de l’OTAN», commente Guy Mettan. Pour Daniel Warner, «après la chute du mur de Berlin, la Russie s’est sentie humiliée. Et c’est intéressant de voir que Poutine se positionne aujourd’hui en opposant.»

Une situation gagnant-gagnant est-elle possible? «Oui, selon Guy Mettan. La Russie n’a aucun intérêt à envahit l’Ukraine, car l’économie ukrainienne ne fonctionne pas. Mais les États-Unis ne doivent pas refuser d’entrer en cause. Or, c’est ce qu’ils font et les Européens ne font que s’aligner sur la position américaine.»