International

L'Ukraine dit reprendre du terrain près de Kherson

30.05.2022 05h54

La Russie et l'Ukraine revendiquent des percées

La Russie fait flotter son drapeau sur un bâtiment administratif à Svitlodarsk, dans la République autoproclamée de Donetsk, à 80 km au sud-ouest de Severodonetsk désormais en proie à des combats de rue.

Photo: KEYSTONE/EPA/ALESSANDRO GUERRA

Les forces russes ont progressé vers le centre de Severodonetsk, ville dans l'Est de l'Ukraine, où se déroulent désormais des combats de rue, a annoncé lundi le gouverneur de la région. De son côté, l'Ukraine affirme reprendre du terrain vers Kherson.

'Les Russes avancent vers le milieu de Severodonetsk. Les combats se poursuivent, la situation est très difficile', a indiqué sur Telegram Serguiï Gaïdaï, à la tête de la région de Lougansk.

Selon lui, deux personnes ont été blessées lundi lorsque leur voiture a été prise pour cible, et se trouvent désormais 'en sécurité'. Trois médecins sont portés disparus, selon la même source.

'L'infrastructure critique de Severodonetsk est détruite, 60% du parc de logements ne peut pas être restauré', a poursuivi M. Gaïdaï.

Il a ajouté que la route reliant Severodonetsk à la ville jumelle de Lyssychansk puis à celle de Bakhmout plus au sud était trop 'dangereuse' pour permettre l'évacuation des civils et le transport d'aide humanitaire.

Dimanche, M. Gaïdaï avait signalé qu'un assaut russe sur Severodonetsk était en cours avec des combats de rue. Il avait également indiqué que la situation à Lyssychansk s'était 'largement aggravée'.

Pilonnée depuis des semaines

Severodonetsk, ville de 100'000 habitants avant la guerre, est pilonnée à l'artillerie depuis des semaines par l'armée russe et les séparatistes prorusses qui combattent à ses côtés. Des dizaines de civils y ont tués.

Severodonetsk et Lyssytchank sont situées à plus de 80 km à l'est de Kramatorsk, devenu le centre administratif du Donbass ukrainien depuis que les séparatistes soutenus par Moscou se sont emparés de la partie orientale de ce grand bassin houiller en 2014.

Riposte ukrainienne

L'Ukraine de son côté affirme reprendre du terrain dans la région de Kherson, aux mains des Russes depuis le début de l'invasion.

'Kherson, tiens bon, nous sommes proches!', affirme l'état-major ukrainien sur sa page Facebook. Dans son point de situation publié dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée ukrainienne déclare avancer dans la région de Kherson, du côté des villages d'Andriyivka, Lozove et Bilohirka.

Le bulletin de lundi matin ne donne pas de précision quant à Kherson, mais indique que les forces russes ont fait venir des forces spéciales à Mykolayiv, la ville voisine, 'dans le dessein de mener des actions offensives pour récupérer des positions perdues'.

Cette offensive ukrainienne sur Kherson intervient alors que les nouvelles autorités de Kherson, désignées par le Kremlin, ont d'ores et déjà exprimé le souhait d'être rattachées à la Russie, laquelle a annoncé qu'elle allait permettre aux habitants de demander un passeport russe via 'une procédure simplifiée'.

Si Kherson retombait aux mains de Kiev, ce serait une avancée symbolique forte, cette région ayant été entièrement conquise par l'armée russe depuis son offensive lancée le 24 février. A cela s'ajoute le fait que Kherson est stratégiquement située dans le sud de l'Ukraine, près de l'embouchure du Dniepr sur la mer Noire.

Nouvelles sanctions au menu

Par ailleurs, le président ukrainien doit parler lundi au début du sommet européen, par visioconférence depuis Kiev. De nouvelles sanctions contre Moscou sont au menu de cette réunion des Vingt-Sept.

Outre l'embargo pétrolier, le paquet de sanctions vise l'exclusion de banques russes du système financier international Swift, une aide à l'Ukraine allant jusqu'à neuf milliards d'euros en 2022.

Cette adresse du président Zelensky intervient au lendemain de sa visite très médiatisée dimanche à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est du pays.

'Nous défendrons notre terre jusqu'au bout. Ils n'ont aucune chance', a déclaré M. Zelensky dimanche, allant à la rencontre de militaires sur le terrain, en gilet pare-balles et treillis, et visitant les décombres de bâtiments détruits à Kharkiv.

Les tentatives de médiation entre Moscou et Kiev sont au point mort. Ce week-end encore le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont eu un entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, l'enjoignant d'entamer des 'négociations directes sérieuses' avec Kiev.

A Bruxelles, à la veille du sommet de l'UE, les représentants des Vingt-Sept ont examiné dimanche une nouvelle proposition qui exempterait temporairement un oléoduc clé pour la Hongrie d'un embargo progressif de l'UE sur le pétrole russe, afin de tenter de lever le blocage sur leur 6e paquet de sanctions contre Moscou. Ces nouvelles sanctions sont pour l'instant bloquées par la Hongrie.

Visite française

Lundi, nouvelle ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, en visite en Ukraine, s'est rendue à Boutcha, dans la banlieue de Kiev, où ont eu lieu des massacres de civils dont les troupes russes sont accusées par les autorités ukrainiennes.

Après le départ des soldats russes fin mars de cette localité et la découverte de centaines de cadavres de civils ukrainiens, Boutcha est devenue le symbole des crimes de guerre imputés à la Russie par l'Ukraine.

'Cela ne devrait pas arriver, il ne faut pas que ça recommence', a déclaré la cheffe de la diplomatie française après s'être rendue dans une église orthodoxe aux murs blancs immaculés, où étaient exposées des photos des exactions.

/ATS