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Les automobilistes suisses attirés par le prix à la pompe en France

09.09.2022 14h43

Les automobilistes suisses attirés par le prix à la pompe en France

Les automobilistes suisses sont attirés par les prix à la pompe en France, qui sont beaucoup moins élevés (image d'illustration).

Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

A la frontière franco-suisse, le tourisme à la pompe bat son plein. A Annemasse (F), la fréquentation de certaines stations a plus que doublé en raison d'une importante clientèle suisse attirée par la perspective d'un plein soldé.

'Je ne m'attendais pas qu'il y ait autant de monde et qu'on doive faire la queue au bord de la route', s'étonne Blendi Bllaca, 23 ans, au volant d'un coupé noir immatriculé à Genève, observant la file de voitures entassée sur le bas-côté. Depuis une semaine, les huit pompes de cette station d'Annemasse (F), à une quinzaine de minutes de route de la frontière, sont prises d'assaut du matin au soir.

Alexandre Macaire, 45 ans, a tiré profit de ses emplettes en France pour faire un plein rapide. 'C'était vraiment à côté, donc j'en ai profité pour faire quelques économies à la pompe.' 'Avant, on pouvait avoir deux à quatre voitures sur dix de Suisse. Maintenant, on va avoir quatre à cinq voitures suisses sur dix', détaille Shana Drut, employée de station.

Avec l'entrée en vigueur des dernières remises de l'Etat et de Total sur le carburant, tous les clients du géant pétrolier français bénéficient d'une réduction de 38 centimes d'euros par litre jusqu'au 1er octobre. Des économies bienvenues pour les automobilistes suisses qui ne bénéficient pas de telles mesures de soutien chez eux.

Double ristourne

Ils profitent également d'un taux de change historiquement bas. Après la parité atteinte au cours de l'été, la monnaie européenne s'est durablement installée sous le franc suisse, un euro s'échangeant désormais contre 0,97 franc.

Cette double ristourne représente '50 à 70 centimes (par litre) par rapport à la Suisse' calcule Michel Santos, Genevois de 41 ans, soit une 'belle différence, entre 30 et 40 francs pour un plein. Car si le litre de sans plomb ne coûte que 1,38 euro dans cette station, il atteint effectivement 2,17 euros quelques kilomètres plus loin, de l'autre côté de la douane.

Tensions

De quoi raviver les tensions frontalières, récurrentes dans une région qui compte de nombreux travailleurs frontaliers français. 'Il faut pas qu'on aide les riches, il faut pas qu'on aide nos amis Suisses. Il faut absolument qu'on aide les Français qui en ont le plus besoin', déclarait début août le sénateur UDI de Haute-Savoie Loïc Hervé.

Une 'tempête dans un bidon d'essence', lui avait répondu quelques jours plus tard le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia. 'Pendant des décennies (...) tous les travailleurs frontaliers venaient faire leur plein en Suisse et pas en France parce que c'était moins cher', rappelait-il, le carburant étant moins taxé en Suisse.

Forte affluence

Face à cet afflux de clients, la station-service haut-savoyarde se ravitaille désormais tous les jours, contre un jour sur deux auparavant, et prépare des aménagements. 'On est en recherche de personnel pour avoir quelqu'un qui va nous faire du service en piste' et qui 'servira le gasoil ou l'essence', explique Shana Drut.

'Avec la fréquentation et de temps en temps les vols', complète-t-elle, 'on ne peut pas tout gérer.' Une situation qui ne va pas s'arranger: la station se prépare à sa plus forte affluence de l'année à l'occasion du pont du Jeûne genevois ce week-end.

/ATS