Vladimir Fédorovski raconte Poutine

Le jour du 70e anniversaire de Vladimir Poutine, l’écrivain et ancien diplomate russe dresse le portrait de l’homme fort du Kremlin et propose des clés de lecture psychologiques et géopolitiques pour comprendre la guerre qui fait rage en Ukraine.

Vladimir Fédorovski nous raconte sa rencontre avec Poutine: «Ce qui m’a frappé la première fois, c’est qu’il a commencé à copier mes gestes. J’étais étonné, mais après on m’a expliqué que c’était un protocole du KGB pour mettre les gens à l’aise. (…) Poutine agit au sommet de l’État comme un homme de renseignement.» L’écrivain explique que le président s’inspire au quotidien du judo: «C’est l’homme qui utilise la force de l’adversaire pour la retourner en sa faveur.»

«Après les dernières annonces de Poutine, 75% de la population le soutenait. Il présente la Russie comme château assiégée, il dit que c’est un complot occidental. Cela touche la Russie profonde, mais pas les urbains et encore moins les jeunes. Mais en même temps, la majorité des russes sont favorables à une sortie de crise par la négociation. Cela peut nous sauver.»

«Tout le monde s’est trompé. Poutine, par son arrogance, a sous-estimé le courage et la résistance des Ukrainiens et la réaction occidentale. Mais l’Occident s’est trompé avec les sanctions. Le dindon de la farce c’est l’Europe, il y a la famine en Afrique et la Russie gagne beaucoup plus avec le gaz et le pétrole. Et surtout, on a créé de façon irréversible l’alliance entre la Chine et la Russie. (…) Hélas, mon souhait de désescalade, ce n’est pas demain la veille.»

«Il devrait préparer sa succession, même si ce n’est pas demain la veille. L’alternative à Poutine n'est pas les pro-occidentaux. Les années 90 et la fin de l’URSS ont une mauvaise image au sein de la population. Et Poutine joue là-dessus.»