International

À Lomé, des initiatives émergent pour traiter les déchets organiques

28.10.2022 16h55 Lucie Hainaut

Compost Lomé Togo Compost Lomé Togo

Les déchets organiques représentent une part importante du contenu de nos poubelles. C’est le cas à Genève mais aussi à Lomé, la capitale du Togo. Dans la métropole africaine, ces résidus sont rarement valorisés. Mais aujourd’hui, plusieurs initiatives fleurissent. 

Chaque année, 380'000 tonnes de déchets sont acheminées au centre d’enfouissement d’Aképé. Ces détritus sont produits par les 2 millions d’habitants de l’agglomération du Grand Lomé, la capitale du Togo. Mais le centre a une capacité limitée de stockage. Pour prolonger sa durée de vie, il faut trouver des solutions: «La question c’est comment faire pour que les initiatives de valorisation sur le territoire du Grand Lomé puissent être développées, de sorte à capter le maximum de déchets valorisables en amont, et n’apporter au centre d’enfouissement technique que ce qui ne peut pas être valorisé » explique Kodjo Enoumodji, coordinateur de projet au centre d’enfouissement technique du Grand Lomé.

Traiter les déchets organiques... contre les maladies

Parmi les ordures collectées à Lomé, un tier sont des résidus d'origine végétale. Alors pour réduire la quantité de déchets enfouis, il est possible de recycler les déchets organiques. C’est la mission de L’ONG Enpro: elle fabrique du compost à partir de déchets collectés dans la capitale. Car produire du compost à partir de déchets organiques présente plusieurs avantages: «Il est important de traiter les déchets organiques parce que laissés en l’état, ils peuvent être sources de maladies, comme le choléra ou des maladies respiratoires. L’autre côté positif, c’est que nos sols sont très pauvres et le compost est un excellent engrais organique pour apporter de la matière» énumère Edem Koledzi, responsable technique de l’ONG. Mais Enpro ne détourne qu’un pourcent des déchets fermentescibles de l’agglomération. La faute à des moyens limités, et un soutien financier insuffisant. Alors même que le compostage est financièrement intéressant. «Le paiement à l’enfouissement est plus élevé que le coût du compostage. Si ces déchets atterrissent dans les poubelles, le transport et l’enfouissement coûtent plus cher que le détournement que nous faisons» soutient le responsable technique. 

Des composteurs installés chez les privés

L’ONG n’est pas seule à s’intéresser au compost: une entreprise loméenne installe, elle, des composteurs directement chez des organisations ou des privés. Comme par exemple dans les jardins de l’AFD, l’Agence française de développement. Ce système présente l’avantage de ne nécessiter aucun transport: «C’est du compost en circuit fermé. L’AFD a des arbres, du gazon, des restes de nourriture qui finissaient sur des décharges par le passé.  Donc nous les récupérons, et nous en faisons du compost. Il est réutilisé sur des pots de fleurs, dans les jardins de l’AFD ou ailleurs» s'enthousiasme Didier Sambiani, assistant aux opérations, chez Miawodo. Parmi les premiers clients de Miawodo: Sopéali Adokou, une maraîchère. Elle cultive ses légumes à proximité du port de Lomé. «Je suis très contente de ce composteur. Depuis que je l’utilise, je vois une amélioration dans ma production. Avant j’utilisais des engrais, mais avec le compost j’en utilise moins, et j’ai de très bons rendements» raconte-t-elle. 

Ce projet en est encore à ses balbutiements: à Lomé, peu d’habitants produisent leur propre compost. Miawodo a installé une cinquantaine de composteurs dans toute la capitale. Pour récupérer au mieux les déchets organiques, ONG comme entreprises ont aujourd’hui besoin de moyens supplémentaires… et de convaincre la population de se mettre au compostage.

Logo EQDA

Ce reportage a été réalisé avec le soutien d'En Quête d'Ailleurs https://eqda.ch