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Christiane Taubira, radicalement vôtre

12.11.2022 14h00 Rédaction

L’ancienne garde des sceaux est la grande invitée de Geneva Show. Elle revient sur le mariage pour tous, nous parle du passé esclavagiste et raciste des pays occidentaux et nous expose sa vision de la politique. Un grand entretien à retrouver en intégralité ici.

1. Pour toutes et tous

Le mariage pour tous est entré en vigueur en Suisse le 1er juillet dernier, soit dix ans après la France. Alors que le débat était, à l’époque, très tendu chez nos voisins, il s’est fait calmement dans nos contrées. «Les Suisses ont pu voir que non seulement, la société française ne s’est pas effondrée, mais elle s’est apaisée sur ces questions parce que les familles ont vu que les mariages sont aussi émouvants et ridicules que ceux des couples hétérosexuels.»

2. Le débat

«J’aime que l’on pense, j’aime discuter, j’écoute un adversaire politique jusqu’au bout. Moi je peux entendre des gens qui croient que la société, c’est la loi du plus fort. On constate que dans une société, cela génère de la violence, des inégalités, de l’exclusion. Je crois davantage à une société du droit qu’à une société de la force.»

3. Temps présent

Peut-on juger avec les lunettes d’aujourd’hui ce qui s’est passé avant? «Non, mais on ne peut pas évacuer ce qui s’est passé avant, répond Christiane Taubira. Je ne règle pas des comptes avec des contemporains, j’interpelle les contemporains sur les conséquences de ce qui s’est passé avant. Il faut arriver à expliquer pourquoi le racisme fait aujourd’hui encore des dégâts dévastateurs, alors qu’il n’y a plus de théorie officielle qui valorise la hiérarchie des races. Si nous sommes d’accord sur cela, à partir de là, nous pouvons débattre.»

4. Un rôle à jouer?

«Il y a encore des combats à livrer. J’ai encore de l’énergie, de la volonté, du désir. J’ai eu une vie de combat, de coups, mais vous ne pouvez pas savoir à quel point j’éprouve de la gratitude pour la vie. J’ai beaucoup à rendre. Je donnerais tout ce que je peux. Je donnerais beaucoup, y compris après mon dernier souffle.»