57 employés de l'ONU morts à Gaza
Des Palestiniens marchent dans les ruines à Gaza City. L'attaque israélienne se déroule désormais à huis clos: les communications et internet ont été coupés dans l'enclave palestinienne, selon le gouvernement du Hamas.
Photo: KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABERL'armée israélienne a annoncé vendredi soir 'étendre' ses opérations terrestres dans la bande de Gaza, pilonnée par d'intenses bombardements. L'ONU, qui réclame une trêve, redoute une 'avalanche sans précédent de souffrances'.
En soirée le Hamas a fait état de 'violents combats' entre ses combattants et les forces israéliennes qui, selon le mouvement islamiste palestinien, ont effectué des incursions au sol dans deux secteurs de l'enclave.
'Nous faisons face à des incursions israéliennes au sol à Beit Hanoun (nord) et al Boureij (centre). De violents combats sont en cours', a indiqué la branche militaire du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam dans un communiqué.
Le Hamas a auparavant appelé le monde à 'agir immédiatement' pour faire cesser les bombardements 'sans précédent' depuis le début de la guerre, sur le nord de la bande de Gaza, notamment Gaza-ville, selon des images de l'AFP et le mouvement palestinien.
Communications coupées
Parallèlement, les communications et internet ont été coupés, selon le gouvernement du Hamas, au pouvoir dans ce territoire depuis 2007. Les journalistes de l'AFP dans la bande de Gaza ont expliqué qu'ils ne pouvaient communiquer que dans les zones où ils captaient le réseau israélien.
Les bombardements 'par air, mer et terre' sont 'les plus violents depuis le début de la guerre', a affirmé le Hamas, accusant Israël de 'préparer des massacres'. En réponse, le Hamas a annoncé avoir tiré 'des salves de roquettes' sur Israël. Il s'est aussi dit 'prêt' si Israël déclenche une offensive terrestre.
Israël commet des crimes de guerre
'Sans un changement fondamental, la population de Gaza va subir une avalanche sans précédent de souffrance humaine', a alerté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
'Beaucoup plus' de gens vont 'bientôt mourir' en raison du siège imposé par Israël à Gaza depuis le 9 octobre, a affirmé de son côté à Jérusalem le patron de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.
Le Haut-Commissariat des droits de l'homme de l'ONU s'est lui dit 'préoccupé' par le fait que des 'crimes de guerre' aient été commis et le soient encore dans cette guerre, y compris par Israël, ajoutant qu''aucun endroit n'est sûr à Gaza'.
USA pour une 'pause humanitaire'
Face à cette situation, les Etats-Unis se sont déclarés favorables vendredi à une 'pause humanitaire' afin de laisser entrer l'aide dans la bande de Gaza.
L'ONU réclame une trêve, seule option pour acheminer cette aide humanitaire indispensable aux besoins des quelque 2,4 millions de Gazaouis.
En soirée, L'Assemblée générale de l'ONU a demandé à une large majorité (120 votes pour, 14 contre et 45 abstentions) une 'trêve humanitaire immédiate'.
Avant de pilonner le nord de Gaza vendredi soir, l'armée israélienne a mené dans la nuit une attaque avec des troupes au sol appuyées par des avions contre le Hamas, qu'elle accuse de mener la guerre depuis les hôpitaux et de se servir de la population comme 'bouclier humain'. Le Hamas a immédiatement démenti ces déclarations israéliennes dans un communiqué.
'Les services de base s'effondrent'
Gaza a un besoin urgent d'aide humanitaire 'significative et continue', a affirmé Philippe Lazzarini. 'Les services de base s'effondrent, les réserves de médicaments, de nourriture et d'eau s'épuisent, les égouts commencent à déborder dans les rues de Gaza', a-t-il décrit.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 7326 personnes, en majorité des civils dont plus de 3000 enfants, ont été tuées dans le territoire par les bombardements lancés par Israël suite à l'attaque du Hamas le 7 octobre.
Un bilan que Philippe Lazzarini juge crédible. Si l'on rapporte ce bilan au nombre total d'employés de l'UNRWA dans la bande de Gaza, 'nous retrouvons plus ou moins la même proportion' de personnes décédées que dans la population totale de 2,4 millions d'habitants sur le territoire, a-t-il dit.
L'UE pour 'des pauses'
La perspective d'une invasion terrestre dans ce territoire surpeuplé inquiète la communauté internationale et les appels demandant à Israël d'épargner les civils se multiplient.
Les dirigeants de l'Union européenne ont aussi demandé jeudi des 'pauses' dans le conflit et l'ouverture de couloirs humanitaires pour faciliter l'acheminement de l'aide internationale.
'Les images que nous voyons d'une population qui souffre à Gaza, et surtout des enfants (...) ça me semble absolument inacceptable', a déclaré le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, pour qui il existe 'un doute légitime' sur le respect par Israël du droit international.
Israël a dit vouloir 'anéantir' le Hamas après l'attaque du 7 octobre, dans laquelle 1400 personnes ont été tuées selon Tel Aviv. Selon l'armée israélienne, 229 otages, israéliens, binationaux ou étrangers, ont été emmenés dans la bande de Gaza par le Hamas, qui a relâché quatre femmes depuis. Le Hamas a estimé jeudi que 'près de 50' otages avaient été tués dans les bombardements d'Israël.
Aide totalement insuffisante
Depuis le 21 octobre, 74 camions d'aide humanitaire sont arrivés depuis l'Egypte dans la bande de Gaza, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) jeudi soir, quand il en faudrait au moins cent par jour, selon l'ONU.
'Ces quelques camions ne sont rien d'autre que des miettes qui ne feront aucune différence' pour la population, a lancé Philippe Lazzarini.
L'UNRWA ne peut plus travailler
L'UNRWA a annoncé avoir 'réduit ses opérations de manière significative', en raison des bombardements et du manque de carburant, tandis que 12 des 35 hôpitaux de la bande de Gaza ont dû fermer.
Ce territoire pauvre soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a accédé au pouvoir, est placé depuis le 9 octobre en état de 'siège total' par Israël, qui y a coupé l'eau, l'électricité et l'approvisionnement en nourriture.
Déplacés vers le sud, puis bombardés
Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne ordonne à la population du nord du territoire, où les bombardements sont les plus intenses, à évacuer vers le sud. Au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre, selon l'ONU.
Mais les frappes continuent aussi de toucher le sud, où sont massés plusieurs centaines de milliers de civils près de la frontière égyptienne fermée. Selon l'ONU, quelque 30'000 déplacés ont cependant regagné ces derniers jours le nord du territoire.
'Nous retournons pour mourir dans nos maisons. Ce sera plus digne', a affirmé Abdallah Ayyad, qui après s'être réfugié dans un hôpital à Deir el-Balah, retourne à Gaza-ville, avec sa femme et leurs cinq filles, serrés dans la remorque d'un triporteur.
Frappes américaines en Syrie
La communauté internationale redoute un embrasement régional, alors que l'Iran, puissant soutien du Hamas, a lancé plusieurs avertissements aux Etats-Unis, alliés d'Israël.
Les Etats-Unis ont mené des frappes jeudi contre deux installations utilisées par les Gardiens de la révolution iraniens et des 'groupes affiliés' dans l'est de la Syrie.
La tension est très vive aussi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, ainsi qu'à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du Hamas. Près de 29'000 personnes ont été déplacées au Liban depuis le début des ces violences, selon l'ONU vendredi.
Plus de 100 morts en Cisjordanie
En Cisjordanie, plus de cent Palestiniens ont été tués dans des violences depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé.
/ATS