International

Afghanes: le Conseil des droits de l'homme en appelle aux talibans

08.07.2022 09h38

L'ONU met la pression sur les talibans et maintient celle en Libye

L'accès des femmes à l'éducation ou aux activités économiques a été largement restreint par les talibans en Afghanistan (archives).

Photo: KEYSTONE/EPA/STRINGER

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU met la pression sur les talibans en condamnant les violences contre les Afghanes et en demandant leur accès à l'éducation. Vendredi à Genève, il a aussi prolongé de neuf mois la Mission d'établissement des faits en Libye.

Dans une résolution approuvée une semaine après un débat urgent sur les Afghanes, l'enceinte onusienne appelle les islamistes à renoncer à toute discrimination et à honorer leur promesse sur l'éducation. Les talibans doivent se conformer au droit international et aux droits humains.

Les organisations de défense des droits des femmes ou pilotées par les femmes doivent elles pouvoir continuer leurs activités, selon la résolution. Le Conseil demande le rétablissement de la Commission afghane des droits humains et l'organisation d'une réunion lors de sa prochaine session en septembre.

La semaine dernière, la haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet avait estimé que les Afghanes font face 'au recul le plus significatif et rapide' de leurs droits 'depuis des décennies'. Elle avait appelé les talibans à établir une 'date ferme' pour l'accès des filles à l'éducation.

'Exclusion progressive'

'Nous voyons progressivement une exclusion des femmes et des filles' de la société, disait-elle. Elle appelait les talibans à dialoguer avec les Etats musulmans qui ont 'de l'expérience' en matière de droits des femmes. Une délégation musulmane s'est rendue récemment en Afghanistan pour parler avec eux.

Le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, a de son côté appelé récemment la communauté internationale à cesser de 'se mêler' des affaires afghanes. Il a affirmé que l'application de la charia, la loi islamique, était indispensable pour son pays.

Les femmes se sont vu imposer le port du voile intégral et ne peuvent se déplacer ou travailler que de manière restreinte. L'insécurité alimentaire affecte plus de 90% des ménages qu'elles dirigent.

Vendredi, après un mois de travaux, le Conseil a aussi prolongé le mandat de la Mission internationale indépendante d'établissement des faits sur la Libye. Certains redoutaient que ce dispositif ne soit pas étendu. Une situation qui aurait provoqué un nouvel échec pour l'enceinte onusienne après la non-prorogation du Groupe d'experts éminents sur le Yémen, première déconvenue aussi importante en plus de 15 ans de Conseil.

La Mission a dénoncé dans plusieurs rapports des 'raisons de penser' que des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre ont été perpétrés. Elle a notamment ciblé les conditions de détention systématique auxquelles doivent faire les migrants et des exécutions extrajudiciaires à Tarhouna.

Appel pour la santé reproductive

Près de Benghazi, dans l'Est du pays, la Mission estime aussi que des crimes internationaux ont été perpétrés à al-Abyar. Les cadavres de dizaines d'hommes avaient été retrouvés, entravés, victimes de tirs et détenus sans procès. Selon les enquêteurs onusiens, des groupes proches de l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar sont responsables.

Dans la résolution, le Conseil des droits de l'homme demande à la Mission un rapport d'ici la session de février prochain. Celui-ci devra établir des recommandations pour les autorités libyennes afin d'atteindre une réconciliation nationale. De même que pour renforcer les institutions des droits humains dans ce pays, le plan d'action national qui poursuivra les efforts de la Mission et l'Etat de droit.

Parmi les autres résolutions approuvées jeudi et vendredi, le Conseil a encore appelé les Etats à garantir l'accès des femmes à la santé sexuelle et reproductive, quelques semaines après la décision de la Cour suprême américaine. Celles-ci doivent pouvoir utiliser librement leur corps, a-t-il aussi affirmé.

La Suisse a elle réussi à éviter un vote sur sa résolution sur les droits humains dans les manifestations pacifiques. Les mandats des rapporteurs spéciaux sur l'Erythrée et le Bélarus ont de leur côté été prolongés pour un an par les Etats membres.

/ATS