Alain Berset: «Le dialogue est plus essentiel que jamais»
Lors d'une visite à Genève en marge de la session du Conseil des Droits de l'Homme, Alain Berset, secrétaire général du Conseil de l'Europe, plaide pour le dialogue et nuance les critiques sur le déclin de l'influence européenne. Face aux bouleversements actuels, il appelle à ne pas céder au pessimisme.
«Si un moment impose le dialogue, c'est bien maintenant.» Pour Alain Berset, ancien président de la Confédération et actuel secrétaire général du Conseil de l'Europe, l'heure est à la discussion, même si certains acteurs manquent à l'appel. «Ceux qui devraient être là ne le sont pas toujours, mais ce n'est pas une raison pour ne pas parler avec ceux qui sont présents», insiste-t-il.
Dans un contexte où la Russie est absente et les États-Unis jouent un rôle d'observateur distant, l'Europe est souvent accusée de perdre de l'influence face aux grandes puissances que sont la Chine ou les États-Unis. Berset réfute cette vision. «On parle souvent de l'Europe comme d'un continent affaibli. Pourtant, si l'on regarde les faits, il s'agit de la plus grande économie mondiale, d'une société riche de sa diversité et de ses valeurs communes», souligne-t-il.
États-Unis: la patience préconisée
Sur la liberté d'expression, il réagit à un discours du vice-président américain JD Vance qui a accusé l'Europe de restreindre cette liberté. «On nous dit qu'elle est menacée, mais quand on demande quels propos sont interdits, il n'y a pas de réponse», déclare-t-il, laissant entendre qu'il s'agit d'un faux débat.
Quant aux tensions entre les États-Unis et l'Europe, il préconise la patience. «Il y a des différences de ton et d'approche, mais à la fin, nous partageons des valeurs communes. Il faut laisser le temps aux choses de se poser.»
«Quitter la table ne résout rien»
Interrogé sur une proposition de loi américaine visant à retirer les États-Unis de l'ONU, il botte en touche, préférant rappeler l'importance des espaces de dialogue. «Quitter la table ne résout rien. Il faut au contraire réformer les structures existantes pour les adapter au monde actuel», plaide-t-il.
Enfin, sur le rôle de la Suisse, il met en avant l'importance de Genève comme place du multilatéralisme. «La Genève internationale est un atout pour la Suisse, mais aussi pour le monde», rappelle-t-il, soulignant l'apport du pays aux discussions globales. Face aux crises qui s'enchaînent, Alain Berset reste pragmatique: «Le monde change vite. Plutôt que de regretter le passé, adaptons-nous et renforçons nos démocraties».