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Assassinat d'une étudiante japonaise: début du procès à Besançon

29.03.2022 10h29

Au premier jour de son procès pour l'assassinat de Narumi Kurosaki, le Chilien Nicolas Zepeda a nié 'de toutes ses forces' mardi avoir tué son ancienne petite amie japonaise, qui étudiait le français à Besançon. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

'Je tiens à dire clairement que je n'ai pas tué Narumi, je nie de toutes mes forces ces accusations', a déclaré en espagnol l'homme de 31 ans. Il a évoqué 'une accusation monstrueuse' à son encontre.

'Cela fait cinq ans que Narumi a disparu et, depuis lors, cela a été un cauchemar. J'ai Narumi dans mes pensées depuis cinq ans et je ressens le chagrin immense de sa famille', a-t-il affirmé, la voix chevrotante, selon des propos traduits simultanément en français.

'J'espère sincèrement que ce procès va apporter de la vérité, la vérité dont on a besoin pour la retrouver', a ajouté celui qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Lui faisant face, la mère et la plus jeune soeur de Narumi Kurosaki, très émues, l'ont observé fixement depuis le banc des parties civiles, alors qu'elles évitaient son regard depuis l'ouverture des débats.

Témoins depuis le Japon et le Chili

En détention provisoire depuis l'été 2020 après son extradition du Chili, l'homme est apparu serein et concentré à l'ouverture de son procès. Très précis lors de ses premières déclarations, il a laissé poindre davantage d'émotion au fil de la journée, jusqu'à verser quelques larmes lorsque son père et sa mère, venus du Chili, ont été appelés à la barre.

Le président de la cour a souligné que ce procès se distinguait 'par son internationalité', avec 'une amplitude horaire de douze heures'. Certains témoins seront entendus en visioconférence depuis le Japon et le Chili et six interprètes sont chargés d'assurer la traduction simultanée de l'intégralité des débats en japonais et en espagnol.

Econduit à l'automne 2016 par Narumi Kurosaki qu'il avait rencontrée à l'université au Japon, Nicolas Zepeda est accusé d'avoir prémédité le meurtre de la jeune femme de 21 ans, et n'a plus été revue depuis le 4 décembre 2016.

Selon l'accusation, Nicolas Zepeda a étouffé son ex-petite amie après une journée et une nuit de retrouvailles et s'est débarrassé de son corps dans une forêt. Il aurait ensuite envoyé des messages aux proches de l'étudiante pour leur faire croire qu'elle était encore vivante et retarder le début des recherches.

Pressé de questions devant la cour, M. Zepeda a admis que sa rencontre avec Narumi à Besançon, lors d'un voyage de deux semaines en Europe, n'était pas fortuite comme il l'avait prétendu devant les enquêteurs mais qu'il 'avai(t) peut-être aussi en tête de (la) voir', estimant que 'ce serait une bonne chose de lui parler'.

Unique suspect, il affirme avoir quitté Narumi vivante avant de poursuivre son périple en Europe et de rentrer au Chili.

'Un château de cartes'

Premiers témoins, le père puis la mère de Nicolas Zepeda, convaincus de son innocence, ont loué les qualités de leur fils, 'une personne respectueuse' n'ayant jamais eu de souci avec la justice. 'Il n'a jamais fait de mal et encore moins à une personne qu'il aimait beaucoup', a assuré sa mère Ana Luz Contreras Retamal.

'Il n'y a pas de preuve de décès, ni de lieu, ni de modalités précises, pas de scénario clair de ce qui est arrivé', a soutenu, en amont du procès, la défense de Nicolas Zepeda.

'Strictement aucun doute'

Du côté des parties civiles, la famille de Narumi Kurosaki et son petit ami français au moment des faits, Arthur Del Piccolo, s'attendent à ce que Nicolas Zepeda propose 'd'autres scénarios que celui qui l'accuse'.

'Nous n'avons strictement aucun doute concernant l'implication de Zepeda parce que de nombreux éléments au dossier établissent cette implication', affirme Me Randall Schwerdorffer, avocat de M. Del Piccolo.

Parmi ces éléments figurent des données de téléphonie, la géolocalisation de la voiture louée par Nicolas Zepeda lors de son séjour en France, des achats par carte bancaire, dont celui d'un bidon de produit inflammable et d'allumettes ou le témoignage troublant d'un cousin auquel il avait rendu visite en Espagne avant de retourner au Chili.

Fiers de leur fille et de ses brillantes études, les parents séparés de Narumi attendent avant tout de ce procès que Nicolas Zepeda passe aux aveux. 'Ils voudraient revenir avec le corps de leur fille' pour lui offrir des funérailles et pouvoir enfin faire leur deuil, a souligné Me Sylvie Galley, leur avocate.

Le procès doit s'achever le 12 avril.

/ATS