Au moins 73 morts dans une double explosion
De nombreuses ambulances se sont rendues sur les lieux des explosions.
Photo: Keystone/EPA/TASNIM NEWS AGENCYAu moins 103 personnes ont été tuées dans un attentat perpétré mercredi près de la tombe de Qassem Soleimani, architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, selon les médias d'Etat. L'attaque a aussi fait plus de 180 blessés.
Une double explosion a eu lieu près de la mosquée Saheb al-Zaman à Kerman (sud), où se trouve la tombe du général Soleimani. Une foule compacte composée de représentants du régime et d'anonymes y était rassemblée pour une cérémonie à l'occasion du quatrième anniversaire de la mort de l'officier.
L'attaque, qualifiée d'attentat par des responsables iraniens et les médias d'Etat, n'a pas été revendiquée dans l'immédiat. Elle survient dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza et au lendemain de l'élimination d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe de drone près de Beyrouth.
Deuil national
L'agence de presse officielle Irna a fait état de 103 morts. La télévision d'Etat a de son côté indiqué que 181 personnes ont été blessées, dont certaines étaient dans un 'état critique'. Elle a précisé que le gouvernement a décrété 'une journée de deuil national dans tout le pays' jeudi.
L'attaque, la plus meurtrière en Iran depuis 1979, a été rapidement qualifiée d'acte 'terroriste' par Rahman Jalali, adjoint au gouverneur de la province de Kerman. Le président Ebrahim Raïssi a condamné un acte 'odieux et lâche'.
Son homologue russe Vladimir Poutine l'a jugé 'choquant par sa cruauté et son cynisme'. De son côté, l'Union européenne a condamné 'dans les termes les plus forts' un 'acte terroriste', dénonçant un 'nombre choquant' de victimes civiles.
Bombes télécommandées
Selon l'agence iranienne Tasnim, qui cite des sources bien informées, les explosions ont été provoquées par des 'bombes dissimulées dans deux sacs'. 'Les auteurs des faits ont apparemment activé les bombes via une télécommande', a-t-elle indiqué.
'Nous marchions vers le cimetière lorsqu'une voiture s'est soudainement arrêtée derrière nous et qu'une poubelle contenant une bombe a explosé', a indiqué un témoin cité par l'agence Isna.
Parmi les personnes tuées figurent trois secouristes qui se sont précipités dans la zone après la première explosion, selon le Croissant-Rouge iranien. L'agence Isna, qui cite le maire de Kerman, Said Tabrizi, explique que les explosions se sont produites à dix minutes d'intervalle.
Nombreux attentats
L'Iran a déjà été le théâtre d'attaques et d'attentats à la bombe qui ont fait des dizaines de morts, dont plusieurs ont été revendiqués par des groupes qualifiés de 'terroristes' par Téhéran.
En 2019, un attentat suicide à la voiture piégée contre un bus des Gardiens de la révolution a tué 27 soldats dans le sud-est du pays. Cet attentat avait été ensuite revendiqué par Jaish al-Adl, un groupe djihadiste formé en 2012.
'Martyr vivant'
Qassem Soleimani dirigeait la Force Qods, la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran, supervisant les opérations militaires dans l'ensemble du Moyen-Orient. Il avait été tué en janvier 2020, à l'âge de 62 ans, lors d'une attaque de drone américain en Irak.
Homme clé du régime iranien, il était également l'une des personnalités publiques les plus populaires du pays. Déclaré 'martyr vivant' par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, alors qu'il était encore en vie, Soleimani était considéré comme un héros pour son rôle dans la défaite du groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie.
Aux yeux de nombreux Iraniens, ses prouesses militaires et stratégiques ont permis d'éviter la désintégration multiethnique de pays voisins tels que l'Afghanistan, la Syrie et l'Irak.
Longtemps considéré comme un ennemi juré par les Etats-Unis et leurs alliés, Soleimani a été l'un des plus importants fondés de pouvoir de la région, fixant l'agenda politique et militaire de l'Iran en Syrie, en Irak et au Yémen, selon des observateurs.
/ATS