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Bachelet pas candidate à un second mandat à l'ONU

13.06.2022 11h00

Bachelet ne sera pas candidate à un second mandat à l'ONU

La Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme quittera l'organisation fin août au terme de son premier mandat.

Photo: KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD

La Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet ne briguera pas un second mandat. Elle quittera fin août l'organisation après quatre ans d'une approche discrète qui lui aura valu la réprobation des ONG, notamment sur la Chine.

'Je ne rechercherai pas de second mandat', a affirmé lundi à la presse la Chilienne, 70 ans, après un discours au début de la 50e session du Conseil des droits de l'homme dans lequel elle n'était pas aussi claire. 'J'ai informé il y a deux mois le secrétaire général de ma décision', a-t-elle ajouté.

Nommée en 2018 par Antonio Guterres, Mme Bachelet était arrivée après avoir été à deux reprises présidente de son pays et avait tranché avec le ton de son prédécesseur, préférant une approche plus confidentielle avec les Etats membres sur leurs violations. Certains lui auront reproché un manque de clarté, reflétée à nouveau dans son annonce de lundi.

Dans une déclaration, M. Guterres a en revanche salué lundi celle qui 'a été en première ligne de la lutte pour les droits humains'. Dans son mandat actuel, elle a fait 'une grande différence', selon lui.

Certains observateurs ces derniers mois se disaient persuadés que Mme Bachelet ne chercherait pas un nouveau mandat de quatre ans. La Haute commissaire exclut tout lien entre sa décision et les critiques contre elle sur la tiédeur qui lui est attribuée sur la Chine. Disant avoir eu l'habitude des reproches lors de ses mandats publics, elle les 'écoute'.

Rapport sur la Chine prévu

Elle souhaite seulement retrouver son pays et ses proches. Notamment parce que le Chili, qui a élu récemment un jeune président de gauche, se trouve 'dans un moment très important'.

La pression était montée ces derniers mois sur la Haute commissaire, notamment par les Etats-Unis, avant sa visite controversée en Chine. Mme Bachelet s'est notamment rendue au Xinjiang où plus d'un million d'Ouïghours seraient détenus dans des camps d'internement.

Elle a fait face ensuite à la réprobation de certains Etats et ONG qui ont accusé la Chilienne de s'être laissée instrumentaliser, des organisations appelant même à sa démission. Mais elle a assumé son approche qui lui permet, selon elle, d'aborder directement avec les autorités les critiques à leur égard et avait affirmé qu'elle ne se rendait pas dans ce pays pour une 'investigation'.

Un rapport de la Haute commissaire est attendu depuis l'année dernière sur la Chine. Mme Bachelet a garanti à la presse qu'elle le publierait avant son départ. Certains y voient une preuve que Pékin s'attend à un durcissement avec son successeur.

Lundi, Human Rights Watch (HRW) a demandé des poursuites sur les responsables des violations en Chine, 'quel que soit le Haut commissaire'. 'Il est difficile d'entendre Michelle Bachelet parler de l'importance de la société civile, étant donné le mépris dont elle a fait preuve' avec les minorités dans ce pays, selon l'une des responsables de l'ONG.

Devant le Conseil, Mme Bachelet a affirmé que l'instance onusienne, 'malgré les différences de ses membres', reste au centre de la 'protection et la défense des droits humains'. Celle-ci 'a prouvé sa capacité à le faire', a-t-elle ajouté.

Saluée par la Suisse

Parmi les ONG, certaines demandent déjà à M. Guterres une procédure de nomination plus ouverte. Il faut garantir que le prochain Haut commissaire soit indépendant, affirme le directeur exécutif du Service international pour les droits humains (ISHR), Phyl Lynch. Parmi les candidates possibles figure une ancienne ministre sud-coréenne et ex-numéro deux du Haut-Commissariat.

De son côté, la Suisse remercie la Haute commissaire pour son travail. 'Nous espérons que le processus pour sa succession sera rapide et transparent', a affirmé lundi à Keystone-ATS la mission suisse à l'ONU à Genève, ajoutant que le moment 'des bilans' n'est pas encore venu.

L'annonce énigmatique de Mme Bachelet, qui a provoqué une certaine perplexité parmi les Etats membres, ne l'a pas empêchée d'aborder un certain nombre de situations préoccupantes. Les horreurs en Ukraine vont laisser des traces 'sur des générations', a-t-elle aussi dit, sans mentionner la Russie.

Au total, environ 1,2 milliard de personnes se trouvent dans des territoires exposés en même temps aux menaces alimentaire, énergétique et financière provoquées par ce conflit. Environ 50 millions de personnes supplémentaires pourraient faire face à une insécurité alimentaire grave, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

Investigation sur la Libye menacée

Pendant un mois de travaux, le Conseil doit aborder des dizaines de questions. Plusieurs commissions d'enquête ou missions d'établissement des faits doivent être renouvelées.

Celle sur la situation des droits humains en Libye pourrait être menacée, selon certains pays. Un scénario qui constituerait un échec après la non reconduction du groupe d'experts sur le Yémen l'année dernière, une première en plus de 15 ans de Conseil des droits de l'homme.

Mercredi, une discussion est aussi prévue pour célébrer la 50e session. M. Guterres doit lui s'exprimer par vidéo lors de la réunion.

/ATS