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Biden et Poutine acceptent un sommet proposé par Macron

21.02.2022 04h19

Le feu vert mardi du Parlement russe à une opération militaire en Ukraine est 'le début d'une invasion' du pays, a dénoncé mardi le président américain Joe Biden. En riposte, il a dévoilé les premières sanctions contre Moscou, comme ses partenaires occidentaux.

La crainte d'une escalade militaire en Ukraine, aux portes de laquelle 150'000 soldats russes ont, selon Washington, été déployés, est à son paroxysme depuis que Vladimir Poutine a reconnu lundi l'indépendance des entités sécessionnistes de Lougansk et de Donetsk.

Le président russe est 'en train d'élaborer des justifications pour aller beaucoup plus loin', a déclaré Joe Biden, 24 heures après la décision majeure de son homologue. 'Il est encore temps d'éviter le pire', a-t-il cependant ajouté.

A Moscou, le vice-ministre de la défense Nikolaï Pankov a lu devant le Sénat une demande du président russe de déployer des troupes dans les entités de Donetsk et Lougansk, au motif qu'une 'armée [ukrainienne, ndlr] de 60'000 hommes et de blindés lourds' serait prête à attaquer.

'Démilitarisation de l'Ukraine'

Juste après avoir reçu l'accord des élus, M. Poutine a dénoncé une fois encore les exactions que Kiev commet d'après lui contre les séparatistes du Donbass. Il a laissé planer le doute sur le calendrier de l'envoi de forces armées, en réclamant une 'démilitarisation' de l'Ukraine, qui ferait 'mieux' de renoncer à son ambition de rejoindre l'OTAN pour choisir la 'neutralité'.

'Je n'ai pas dit que nos soldats vont y aller là, maintenant [...] Cela dépendra, comme on dit, de la situation sur le terrain', a-t-il déclaré. Juste après, la diplomatie russe a annoncé l'évacuation prochaine de ses diplomates d'Ukraine.

M. Poutine a aussi revendiqué pour les séparatistes l'ensemble des régions administratives de Lougansk et de Donetsk, dont la superficie dépasse largement celle des territoires sous leur contrôle. Il a évoqué d'hypothétiques 'négociations' entre Kiev et forces prorusses.

L'intervention russe serait justifiée légalement par la ratification mardi d'accords d'entraide, notamment au plan militaire. Et Moscou a aussi établi des relations diplomatiques avec les deux régions. L'OTAN s'attend à 'une attaque massive' de la Russie en Ukraine, a annoncé dans ce contexte son secrétaire général, Jens Stoltenberg.

Premières sanctions

Sans attendre, les Occidentaux ont pris de premières sanctions en réaction à la reconnaissance des séparatistes que Kiev combat depuis huit ans, un conflit qui a fait plus de 14'000 morts. La mesure la plus spectaculaire a été annoncée par Berlin, qui a gelé le gigantesque projet de gazoduc Nord Stream II, qui devait acheminer encore davantage de gaz russe en Allemagne.

A la Maison-Blanche, Joe Biden a annoncé une 'première tranche' de sanctions visant à empêcher Moscou de lever des fonds occidentaux pour rembourser sa dette souveraine. L'ensemble du secteur bancaire russe pourrait être visé par des sanctions si la Russie poursuit son invasion de l'Ukraine, a affirmé un responsable américain.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a pour sa part annoncé qu'il ne rencontrerait pas comme prévu son homologue russe Sergueï Lavrov jeudi à Genève. 'Maintenant que nous voyons que l'invasion a commencé et que la Russie a clairement rejeté toute diplomatie, cela ne fait aucun sens de se rencontrer à ce stade', a déclaré M. Blinken.

Emboîtant le pas à M. Biden, le premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé une 'série de sanctions' économiques contre la Russie 'jusqu'à ce que l'intégrité territoriale de l'Ukraine soit rétablie'. L'UE a, elle, adopté un paquet de sanctions qui 'feront très mal à la Russie', a assuré le chef de sa diplomatie, Josep Borrell.

ONU pas à la carte

Et le premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé des sanctions visant trois oligarques proches du Kremlin et cinq banques russes, des mesures a minima pour Londres, la place forte financière des grandes fortunes russes. Il s'est dit aussi opposé aux matches internationaux en Russie, comme la finale de Ligue des champions de football, prévue à la fin mai à Saint-Pétersbourg.

Ces mesures restent, pour l'instant, modestes par rapport à celles promises en cas d'invasion d'ampleur.

Pour le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, les principes de 'la charte des Nations unies ne sont pas un menu à la carte' et la Russie doit 'les appliquer tous' à l'égard de l'Ukraine.

Il a réaffirmé que la reconnaissance par Moscou d'une 'soi-disante indépendance' de zones séparatistes était 'une violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine'.

Sur la ligne de front, des tirs avaient toujours lieu avec les séparatistes. Kiev dément toute action offensive, contrairement aux affirmations de Moscou, accusant ses adversaires de propager de fausses informations visant à tenter de justifier une intervention.

/ATS