Biden et Scholz avec l'Ukraine « aussi longtemps que nécessaire »
Olaf Scholz (à g.) et Joe Biden vendredi à Washington: un message de soutien à Kiev.
Photo: KEYSTONE/AP/Susan WalshIls soutiendront l'Ukraine 'aussi longtemps que nécessaire': Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz ont envoyé vendredi depuis la Maison Blanche un signal d'unité, à la Russie mais aussi, indirectement, à la Chine.
Cette visite à la Maison Blanche est la deuxième du dirigeant allemand, qui y était déjà venu le 7 février 2022. A l'époque, la Russie 'amassait ses troupes' à la frontière ukrainienne, a rappelé Joe Biden depuis le Bureau ovale, où les deux hommes ont fait de courtes déclarations à la presse.
Les Occidentaux avaient alors promis de 'répondre' et 'nous avons tenu parole', a dit le président américain, remerciant Olaf Scholz assis auprès de lui.
'Un message'
'Vous êtes montés en puissance' dans le soutien à Kiev, a-t-il dit, alors que l'Allemagne a accepté récemment, après avoir longtemps hésité, de livrer des chars à l'Ukraine.
Olaf Scholz a lui jugé 'très important' d'envoyer un 'message' concernant l'Ukraine, à savoir que 'nous continuerons (à la soutenir) aussi longtemps qu'il le faudra'.
Le Kremlin avait d'ores et déjà critiqué cette rencontre.
'Les Etats-Unis poursuivent leur politique visant à augmenter les livraisons d'armes à l'Ukraine et à persuader leurs protégés de faire de même', a dénoncé vendredi son porte-parole, Dmitri Peskov.
Munitions
La Maison Blanche a annoncé vendredi une nouvelle aide militaire à l'Ukraine à hauteur de 400 millions de dollars et composée essentiellement de munitions.
L'absence de conférence de presse commune a suscité des interrogations sur la persistance des tensions nées récemment autour de la livraison de chars allemands à l'Ukraine.
Les deux dirigeants se sont donc efforcés de dissiper cette impression, Olaf Scholz jugeant que la relation bilatérale était 'très bonne'.
La rencontre vient après plusieurs épisodes de tiraillements, que ce soit l'opposition frontale de Joe Biden dès son élection au projet de gazoduc Nord Stream 2, mené avec Moscou, ou les subventions massives aux industries vertes américaines prévues dans son plan 'Inflation Reduction Act'.
Mais la tension est surtout montée récemment autour de la question de l'envoi de tanks en Ukraine.
Les chars, un tournant
L'Allemagne a finalement accepté le 26 janvier d'envoyer un nombre conséquent de ses chars Leopard, un tournant dans le soutien militaire occidental.
Pour qu'elle y consente, les Etats-Unis ont dû eux-mêmes promettre des blindés lourds, a confié dimanche le conseiller de la Maison Blanche à la sécurité nationale, Jake Sullivan.
M. Biden avait 'décidé à l'origine de ne pas les envoyer parce que ses militaires lui ont dit qu'ils ne seraient pas utiles sur le champ de bataille', a-t-il expliqué sur la chaîne ABC.
Une version que le gouvernement allemand ne reprend pas à son compte, assurant que les discussions ont consisté à bâtir une 'approche commune', sans que Berlin ne force la main à Washington.
Chine
Au menu également des discussions: 'les défis que pose la Chine', a indiqué jeudi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby, à l'heure où Washington accuse Pékin d'envisager des livraisons d'armes à Moscou.
La Maison Blanche a noté avec une satisfaction non dissimulée que le chancelier allemand, dont le pays entretient avec la Chine une étroite relation économique, avait publiquement mis en garde Pékin contre tout soutien militaire létal à la Russie.
'Nos vues et celles de l'Allemagne concordent', s'est félicitée une haute responsable de la Maison Blanche jeudi, lors d'un entretien avec des journalistes.
La Chine est un point de 'friction', a par ailleurs commenté Robin Quinville, du centre de recherches Wilson Center à Washington.
'Les responsables économiques allemands (et beaucoup de politiciens) critiquent ce qu'ils estiment être des tentatives américaines' d'affaiblir les relations bilatérales de leurs alliés avec la Chine, rappelle l'experte.
'Il y a un an, l'audacieuse volte-face de Scholz sur la politique de défense allemande lui a valu les louanges de Washington. Cette année, Washington va presser Scholz de continuer à choisir l'audace plutôt que la prudence', a-t-elle résumé.
/ATS