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Biden plaide pour la fin du blocage politique en Irlande du Nord

12.04.2023 15h26

Biden plaide pour la fin du blocage politique en Irlande du Nord

Joe Biden a sacrifié à la tradition des selfies à l'université de Belfast.

Photo: KEYSTONE/AP/Patrick Semansky

Joe Biden, venu en 'ami' en Irlande du Nord, a appelé mercredi les forces politiques locales à surmonter leurs divisions pour mettre fin à la paralysie des institutions. Celles-ci sont à l'arrêt, 25 ans après la signature des accords de paix.

Avant de rejoindre Dublin pour une visite très symbolique sur la trace de ses ancêtres, le président américain, qui revendique ses origines irlandaises, a fait une halte éclair à Belfast pour célébrer les accords de paix signés le 10 avril 1998 après trois décennies de 'Troubles' entre unionistes fidèles à Londres, majoritairement protestants, et républicains majoritairement catholiques, partisans d'un rattachement à la République d'Irlande.

Mais la commémoration bute sur une réalité politique bien plus difficile. Les institutions locales créées il y a 25 ans, au sein desquelles les deux communautés longtemps ennemies partagent le pouvoir, sont en effet bloquées en raison des conséquences du Brexit.

Une 'leçon'

Lors d'un discours à l'université de Belfats, Joe Biden a rappelé qu'il y a trois décennies, un bâtiment tel que celui de l'université, tout de verre et d'acier, aurait été impensable, dans une ville de Belfast parcourue de barbelés, secouée par les explosions et les affrontements meurtriers - 3500 morts au total pour toute la période dite des 'Troubles.'

'La leçon des accords 'du Vendredi Saint' est que c'est lorsque les choses semblent les plus fragiles (...) qu'il y a le plus besoin d'espoir et d'efforts', a-t-il déclaré, vantant le potentiel économique de l'Irlande du Nord, province en difficulté dans laquelle Washington promet d'investir.

'J'espère que l'assemblée et le gouvernement (locaux) seront bientôt restaurés', a-t-il dit tout en prenant soin de souligner que la décision finale revenait aux dirigeants politiques locaux.

Paralysie politique

Joe Biden avait auparavant rencontré les leaders des cinq principaux partis politiques d'Irlande du nord - dont le DUP, parti unioniste qui ne cache pas sa défiance face à ce président catholique et si fier de ses racines irlandaises.

Depuis plus d'un an, le DUP refuse de participer aux institutions nord-irlandaises en raison du statut particulier hérité du Brexit. Les unionistes, majoritairement protestants, restent inflexibles malgré la conclusion récente d'un accord entre Bruxelles et Londres à propos de la question, délicate entre toutes, de la frontière physique avec l'Irlande du Nord.

Joe Biden a une nouvelle fois manifesté mercredi son soutien à cet accord, le 'cadre de Windsor': 'Je pense que la stabilité et la visibilité qu'offre ce cadre va encourager les investissements' en Irlande du Nord.

Sans aller jusqu'à qualifier le président américain d''anti-Britannique' comme un député de son parti, le chef du DUP Jeffrey Donaldson lui a opposé une polie fin de non-recevoir, estimant qu'il attendait toujours des changements légaux supplémentaires confortant la place de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni.

Pèlerinage familial

Joe Biden a aussi vu, brièvement, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, lequel a affirmé que la relation bilatérale était 'très bonne'.

Cela, même si le passage éclair de Joe Biden au Royaume-Uni, et la très brève entrevue avec le chef du gouvernement britannique, ont pu donner à Londres l'impression que le président américain assurait un service minimum. Surtout en contraste avec sa visite de deux jours et demi en Irlande voisine, qui s'apparente surtout à un pèlerinage du démocrate de 80 ans sur les traces de ses ancêtres.

Après avoir atterri sous la pluie à Dublin, il restera dans le pays de ses ancêtres, qu'il répète souvent porter 'dans son âme', jusqu'à vendredi soir. Il fera jeudi une étape institutionnelle à Dublin jeudi, puis une autre visite à caractère personnel, vendredi dans lcomtété de Mayo, à l'ouest.

Dès mercredi, Joe Biden doit se rendre dans le comté de Louth, autre berceau familial. Il aura l'occasion de contempler, du haut d'un château, le port d'où l'un de ses ancêtres est parti pour l'Amérique au XIXe siècle, fuyant comme beaucoup d'Irlandais un pays ravagé par la famine.

A Dublin, il marchera dans les pas de John F. Kennedy, qui s'était adressé en ces termes au parlement irlandais, en 1963: 'C'est ce trait de caractère des Irlandais, cette alliance remarquable d'espoir, de confiance et d'imagination, dont nous avons besoin aujourd'hui plus que jamais.'

/ATS