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Blinken accuse la Russie d'envisager l'usage d'« agents chimiques »

12.04.2022 20h31

Blinken accuse la Russie d'envisager l'usage d'"agents chimiques"

Antony Blinken soupçonne la Russie du pire.

Photo: KEYSTONE/AP/Evelyn Hockstein

Les Etats-Unis ont fait état mardi d''informations crédibles' sur la possibilité que la Russie fasse usage d''agents chimiques' dans son offensive pour prendre la ville ukrainienne de Marioupol, relançant les inquiétudes sur un recours à des armes prohibées.

Alors que les Occidentaux et Kiev mettent en garde Moscou, depuis le début de son invasion russe le 24 février, contre toute utilisation d'armes chimiques, les craintes ont redoublé d'intensité depuis lundi.

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) s'est ainsi dite mardi 'préoccupée par les récentes informations non confirmées sur l'utilisation d'armes chimiques à Marioupol', ville portuaire assiégée par les forces russes dans l'est de l'Ukraine et théâtre de violents combats.

Cette institution, dont font partie la Russie comme l'Ukraine, évoque des 'accusations portées par les deux parties concernant une possible utilisation abusive de produits chimiques toxiques'.

'Substance toxique'

Le régiment ukrainien Azov, retranché à Marioupol, avait affirmé lundi qu'un drone russe y avait largué une 'substance toxique' sur des soldats et civils. Cette accusation n'a été confirmée par aucune source indépendante, même si Ukrainiens, Britanniques et Américains ont dit tenter de la 'vérifier'.

'Nous ne sommes pas en mesure de confirmer quoi que ce soit, et je pense que les Ukrainiens non plus', a redit mardi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken devant la presse.

Des déclarations des forces prorusses qui contrôlent la république autoproclamée de Donetsk (DNR) ont toutefois alimenté l'inquiétude.

Le porte-parole de cette entité, Edouard Bassourine, a assuré que ses forces n'avaient utilisé 'aucune arme chimique' à Marioupol. Mais il a évoqué leur possible utilisation par les troupes russes pour chasser les combattants ukrainiens défendant l'usine Azovstal, le grand complexe industriel de la ville, sur la côte.

'Lésions des voies respiratoires'

Une menace que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit prendre 'très au sérieux'.

Et Washington a enfoncé le clou.

Juste avant les accusations de lundi, les Etats-Unis avaient reçu 'des informations crédibles selon lesquelles les forces russes pourraient utiliser différents agents anti-émeutes, notamment des gaz lacrymogènes mélangés à des agents chimiques qui renforceraient les symptômes pour affaiblir et immobiliser les combattants et civils ukrainiens dans le cadre de leur campagne agressive pour prendre Marioupol', a ainsi affirmé mardi Antony Blinken, sans en dire davantage sur la nature de ces renseignements.

'Nous partageons ces informations avec l'Ukraine' et 'sommes en contact direct avec nos partenaires pour déterminer ce qui se passe actuellement, c'est un vrai sujet de préoccupation', a-t-il ajouté.

Washington s'est dit prêt à assister les autorités ukrainiennes dans leur enquête.

A ce stade, celles-ci se montrent prudentes.

'La nuit dernière, vers minuit, un drone a lancé un engin explosif et trois personnes qui étaient dans la zone de l'usine métallurgique de Marioupol, ou près d'elle, se sont senties mal', puis, 'blessées', elles ont dû être 'hospitalisées' sans que leurs jours ne soient en danger, a rapporté le gouverneur ukrainien de la région de Donetsk, Pavlo Kirilenko, sur la chaîne américaine CNN, selon une traduction fournie par l'agence de presse ukrainienne Interfax-Ukraine.

'D'après les lésions des voies respiratoires et de la peau, nous comprenons qu'il s'agit d'une substance chimique. Mais il est trop tôt pour dire qu'il s'agit d'un gaz et pour tirer des conclusions', a-t-il ajouté, disant vouloir vérifier 'à 100%' la nature du produit avant de proférer des accusations plus formelles.

Au-delà de la situation à Marioupol, les Etats-Unis ont rappelé avoir prévenu depuis plusieurs semaines que la Russie pourrait utiliser ces armes interdites - notamment en 'masquant une attaque chimique avec des gaz lacrymogènes', a souligné le porte-parole du Pentagone John Kirby.

/ATS