Bolivie: Morales poursuivi pour « terrorisme » par le gouvernement
Les supporters d'Evo Morales bloquent les routes depuis le début de la semaine.
Photo: KEYSTONE/EPA/JORGE ABREGOLe gouvernement bolivien a déposé jeudi une plainte contre l'ancien président Evo Morales. Il est accusé de 'terrorisme' et de sept autres délits, après la diffusion d'un enregistrement audio dans lequel il ordonnerait le blocage de routes autour de La Paz.
'Parmi les principaux délits dénoncés figurent le terrorisme, l'incitation publique à commettre des délits et les atteintes à la sécurité des services publics', a déclaré le ministre de la Justice, César Siles, auprès de la presse, alors que depuis lundi de nombreux barrages routiers paralysent le centre du pays.
Depuis lundi, les partisans de l'ancien président bloquent les principales routes du centre de la Bolivie, en particulier dans le département de Cochabamba, son fief politique.
Ils réclament la démission du président Luis Arce, qu'ils accusent d'être responsable de la profonde crise économique que traverse le pays et d'avoir manipulé le pouvoir judiciaire et le corps électoral pour exclure M.Morales de la présidentielle du 17 août.
Mercredi, un ancien dirigeant proche de M.Morales a transmis aux médias un enregistrement téléphonique présumé dans lequel une voix, qu'il attribue à l'ancien président, appelle à bloquer deux routes principales menant à La Paz, la capitale administrative du pays.
Pour le gouvernement, ces barrages visent à empêcher l'élection présidentielle et à forcer une candidature de M.Morales, qui a gouverné à trois reprises entre 2006 et 2019 et que la justice a déclaré inéligible pour avoir dépassé le nombre de réélections autorisé.
'Nous n'accepterons aucun chantage', a assuré le ministre Siles.
La loi bolivienne prévoit une peine de 15 à 20 ans de prison pour terrorisme.
Le nombre de barrages ne cesse d'augmenter depuis lundi, lorsque le gouvernement en a recensé une vingtaine. 'Il y a plus de 40 points de blocage' dans le pays, a assuré jeudi la vice-ministre de la Communication, Gabriela Alcon.
Selon elle, 30 policiers ont été blessés dans des affrontements avec des manifestants depuis le début de la semaine. Les partisans du premier chef d'Etat bolivien d'origine indigène évoquent aussi des blessés, sans en préciser cependant le nombre.
Le ministre de l'Economie, Marcelo Montenegro, a indiqué de son côté que les blocages causaient chaque jour des pertes de 100 à 150 millions de dollars.
La Bolivie est plongée dans une profonde crise économique, en raison notamment d'une pénurie de carburant provoquée par un manque de devises étrangères.
Evo Morales vit retranché sous la protection de ses partisans dans son fief du centre du pays, dont il n'a pu sortir depuis sept mois, étant visé par un mandat d'arrêt pour une affaire de traite de mineure qu'il nie.
Selon le parquet, il aurait entretenu en 2015, alors qu'il dirigeait le pays, une relation avec une adolescente de 15 ans avec le consentement des parents de cette dernière, en échange d'avantages.
En novembre 2019, le gouvernement de droite de l'époque avait déjà porté plainte contre Evo Morales pour 'terrorisme', après la diffusion d'un enregistrement audio dans lequel une voix, attribuée à Morales, ordonnait le blocage des routes du pays, en pleine crise sociale après sa démission.
L'ancien chef de l'Etat avait nié les faits. L'affaire n'a pas été instruite après l'arrivée au pouvoir de Luis Arce, son ancien ministre de l'Economie.
/ATS