CIJ: les Etats-Unis s'en prennent à l'UNRWA
Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent.
Photo: KEYSTONE/AP/Jehad AlshrafiUn représentant des USA a fait part mercredi à la CIJ de 'sérieux doutes' concernant l'impartialité de l'UNRWA, lors d'audiences sur les obligations d'Israël envers les Palestiniens. Il ainsi relayé les accusations d'Israël, qui n'a pas fourni de preuve sur le sujet.
'L'impartialité de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël', a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.
La Cour internationale de Justice (CIJ), située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.
Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une 'persécution systématique' de la CIJ.
Israël n'a pas fourni de preuves
M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait 'de nombreuses raisons' de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA. 'Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire', a-t-il affirmé.
Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.
Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des 'problèmes de neutralité' à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.
Personnel de l'UNRWA maltraité
Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.
Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever 'sans délai' son blocage de l'aide vers la bande de Gaza'.
'L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux', a-t-il déclaré. .
Gazaouis privés de nourriture
Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent. Ce pays les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.
'L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza', a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.
'L'aide utilisée comme arme de guerre'
'Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza,' a-t-elle ajouté.
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif 'à titre prioritaire et de toute urgence'.
Clarifier les obligations d'Israël
La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour 'assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne'.
Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.
En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant 'illégale' l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.
/ATS