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COP28: l'UE défendra la quasi-élimination des combustibles fossiles

16.10.2023 22h51

COP28: l'UE défendra la quasi-élimination des combustibles fossiles

Les 27 se sont accordés pour une position commune à la COP28 (Photo d'illustration).

Photo: KEYSTONE/AP/MICHAEL PROBST

L'UE défendra à la COP28 sur le climat une élimination des combustibles fossiles, avec un pic de leur consommation mondiale 'au cours de cette décennie', selon la position commune adoptée mardi. La conférence de l'ONU est prévue du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï.

Les Européens appelleront par ailleurs à éliminer 'aussi tôt que possible' les subventions aux combustibles fossiles qui ne servent pas à combattre la pauvreté énergétique ou à assurer 'une transition juste', mais sans fixer de date butoir comme l'espéraient les ONG.

'La transition vers une économie climatiquement neutre exigera l'élimination à l'échelle mondiale des combustibles fossiles 'unabated'', c'est-à-dire brûlés sans captage ou stockage du CO2, a résumé le Conseil européen, à l'issue d'une réunion des ministres de l'environnement de l'UE.

Dans le même temps, les Vingt-Sept prôneront 'un secteur énergétique [qui soit] de façon prédominante sans combustibles fossiles bien avant 2050', une formule exprimée cette fois sans la mention 'unabated'.

Pas d'alternative

Les ministres de l'UE, réunis à Luxembourg, se sont âprement affrontés sur l'inclusion de ce mot controversé dans le mandat de négociation donné au nouveau commissaire européen au climat, le Néerlandais Wopke Hoekstra, qui les représentera lors de la COP28.

A l'unisson des ONG, une partie des pays souhaitait retirer l'adjectif 'unabated' ou l'assortir de restrictions sur l'usage des techniques de captage du carbone, de crainte que cela ne serve de prétexte pour continuer à brûler des fossiles et offre une échappatoire au secteur pétro-gazier.

'Nous aurons besoin de ces techniques dans les secteurs où les émissions dans la production sont inévitables, comme le ciment [...] Mais il n'y a pas d'alternative à l'abandon progressif des fossiles. Cela doit être clair', avait averti la ministre autrichienne Leonore Gewessler.

'Ces techniques sont intéressantes, mais ne peuvent seules prendre en charge l'essentiel des émissions: il faut les réserver [aux secteurs] qu'on ne sait pas décarboner autrement', abondait son homologue française Agnès Pannier-Runacher.

Finalement, l'adjectif a été conservé dans le texte, mais n'est plus mentionné dans la formulation de l'objectif de long terme d'un 'système énergétique' majoritairement sans fossiles 'bien avant 2050'.

'Moteur de changement'

Dans l'immédiat, les technologies de captage du CO2 seront nécessaires, mais 'devront être réservées aux secteurs pour lesquels il est difficile de se sevrer des fossiles pour une partie du processus industriel', a expliqué après la réunion la ministre espagnole Teresa Ribera, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE. 'L'objectif à long terme reste que les fossiles soient progressivement éliminés du mix énergétique', a-t-elle insisté.

Les Européens appellent par ailleurs à viser une production d'électricité 'entièrement ou très majoritairement décarbonée' à l'échelle mondiale à partir 'des années 2030'.

Autres engagements portés par l'UE: un triplement d'ici à 2030 des capacités installées d'énergies renouvelables, ainsi qu'un doublement de l'efficience énergétique, en ligne avec la feuille de route du président de la COP28.

Un autre sujet faisait débat: les Européens devaient-ils maintenir à Dubaï leur objectif, juridiquement acté, d'une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE d'ici à 2030 par rapport à 1990 ou défendre la baisse de 57% qu'ils devraient de facto atteindre compte tenu des politiques vertes déjà adoptées?

'57%, ce serait une excellente annonce. Nous démontrerions clairement que l'Europe est leader' sur l'action climatique, estimait le vice-président de la commission, Maros Sefcovic. Au bout du compte, les Vingt-Sept ont simplement actualisé leur 'contribution' pour indiquer qu'ils visaient une baisse d''au moins 55%' d'ici à 2030.

Enfin, les Vingt-Sept appelleront à 'renforcer les dispositifs de financement' pour le fonds pertes et dommages, créé à la COP27 et destiné à aider les pays pauvres.

/ATS