Combats meurtriers dans le sud de Gaza, craintes pour les civils
Des soldats israéliens dans un tank avec la bande de Gaza en arrière-fond (Archives).
Photo: KEYSTONE/AP/Maya AlleruzzoDes combats meurtriers ont oppposé samedi l'armée israélienne et le Hamas dans le sud de la bande de Gaza, où sont piégés des centaines de milliers de civils. L'agence onusienne qui joue un rôle central pour leur prise en charge est fragilisée par une polémique.
Israël a promis samedi d'en finir avec cette agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont huit pays ont depuis vendredi suspendu le financement, après des accusations israéliennes selon lesquelles des employés auraient été impliqués dans l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien.
La grande ville de Khan Younès, dans le sud de Gaza, considérée par Israël comme une place forte du mouvement islamiste palestinien, est désormais au coeur de la guerre déclenchée par cette attaque. Les combats s'y sont poursuivis samedi, selon des témoins, notamment aux abords des deux principaux hôpitaux, Nasser et al-Amal.
Décisions 'choquantes'
A l'hôpital Nasser, 'à court de carburant, nourriture et fournitures', il reste 'actuellement 350 patients et 5000 personnes déplacées', a décrit Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), appelant de nouveau à un 'cessez-le-feu immédiat'.
Sept pays, dont l'Australie, le Canada, la Grande-Bretagne l'Italie et l'Allemagne ont suspendu dans la journée leur contribution à l'Unrwa, emboîtant le pas aux Etats-Unis. La Suisse, elle avait indiqué vendredi attendre les résultats de l'enquête pour décider 'des suites à donner' concernant sa contribution financière.
Le chef de Unrwa, Philippe Lazzarini, a jugé 'choquantes' ces suspensions de fonds, 'en réaction à des allégations contre un petit groupe d'employés', compte tenu des mesures prises par l'agence et du fait qu'en 'dépendent deux millions de personnes pour leur simple survie'.
L'agence s'est séparée de plusieurs employés mis en cause et a ouvert une enquête.
'Il ne reste plus rien'
Israël veut 's'assurer' que l'Unrwa ne joue plus aucun rôle à Gaza après la guerre, a déclaré samedi son chef de la diplomatie, Israël Katz, le Hamas dénonçant des 'menaces' à l'encontre de cette structure. L'Unrwa a 'besoin de soutien', pas qu''on lui coupe' les vivres, a réagi l'Autorité palestinienne.
Au sud de Khan Younès, plus de 1,3 million de Gazaouis déplacés sont massés à Rafah, acculés, dans des 'conditions de désespoir', contre la frontière fermée avec l'Egypte, selon l'ONU.
Les rues où s'écoulent les eaux usées sont remplies de centaines de milliers de tentes, abris dérisoires contre des pluies diluviennes, selon un journaliste de l'AFP.
'Ce qui se passe n'a pas de sens. Qu'ils ouvrent les points de passage pour que nous puissions partir! Il ne reste plus rien à Gaza', déplore Hind Ahmed, une mère de famille. 'Nous ne quitterons pas Gaza, les Juifs sont venus ici et ce sont eux qui devraient partir', l'interrompt un passant, en colère.
Tentative de médiation
L'attaque du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, a entraîné la mort d'environ 1140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
En riposte, Israël a juré 'd'anéantir' le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une vaste opération militaire qui a fait 26'257 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan samedi du ministère de la Santé du mouvement.
La Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l'ONU, saisie par l'Afrique du Sud, avait appelé vendredi Israël à empêcher tout acte éventuel de 'génocide' à Gaza et permettre l'entrée de l'aide humanitaire. La CIJ ne dispose cependant d'aucun moyen pour faire appliquer ses décisions.
Alors que la guerre, à son 113e jour, ne connaît aucun répit, le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis tentent une médiation pour parvenir à une nouvelle trêve, qui inclurait la libération d'otages et de prisonniers palestiniens.
Le directeur de la CIA, le service de renseignement américain, va rencontrer 'dans les tout prochains jours à Paris' ses homologues israélien et égyptien, ainsi que le Premier ministre qatari, pour tenter de conclure un accord de trêve, selon une source sécuritaire.
Retour des otages
Plusieurs milliers de personnes ont par ailleurs participé samedi soir à des rassemblements en Israël, notamment dans le centre de Tel-Aviv, pour demander le retour des otages et la démission du gouvernement en vue de la tenue d'élections.
Mais dans une allocution télévisée, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a de nouveau martelé sa détermination: 'si nous n'éliminons pas les terroristes du Hamas (...) le prochain massacre n'est qu'une question de temps', a-t-il affirmé.
/ATS