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Conflit Inde-Pakistan: 8 morts et 29 blessés dans un village indien

07.05.2025 06h16

L'Inde et le Pakistan dans leur pire affrontement depuis 20 ans

Des partisans du parti politique islamique Pakistan Markazi Muslim League (PMML) crient des slogans contre l'Inde lors d'un rassemblement à Islamabad, au Pakistan.

Photo: KEYSTONE/EPA/STRINGER

L'Inde et le Pakistan se sont violemment bombardés mercredi, faisant au moins 26 morts côté pakistanais et 12 côté indien, la confrontation militaire la plus grave entre les deux pays depuis deux décennies.

Depuis que des tireurs ont abattu 26 hommes au Cachemire indien le 22 avril, le feu couvait entre les deux puissances nucléaires, rivales depuis leur partition en 1947.

L'escalade des tensions a viré à l'affrontement militaire dans la nuit -- déclenchant aussitôt les propositions de médiation de Pékin et de Londres, tandis que l'UE, l'ONU, Moscou, Washington et Paris appelaient à la retenue.

Les deux armées ont échangé des tirs d'artillerie le long de leur frontière contestée au Cachemire, après des frappes indiennes sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat de Pahalgam.

Le ministre indien de la Défense Rajnath Singh a répété que ces frappes n'avaient visé que des 'camps terroristes' soigneusement identifiés pour 'éviter la population ou des secteurs civils'.

L'Inde a affirmé avoir détruit neuf sites présentés comme abritant des membres du groupe jihadiste auquel elle attribue la responsabilité de l'attentat au Cachemire indien, jamais revendiqué.

New Delhi accuse le Pakistan de soutenir ce groupe, ce qu'Islamabad nie fermement.

Les missiles indiens qui ont plu sur six villes au Cachemire et au Pendjab pakistanais et les échanges de tirs qui ont suivi ont tué 26 civils et en ont blessé 46 autres, selon l'armée pakistanaise. Elle ajoute qu'ils ont également endommagé un barrage hydroélectrique au Cachemire.

'Nos ennemis pensaient nous attaquer dans l'obscurité, en se cachant, mais ce fût un échec', a dit le Premier ministre Shehbaz Sharif lors d'une session extraordinaire du Parlement.

Le Pakistan affirme avoir 'abattu cinq avions indiens' dans l'espace aérien de son voisin, tandis qu'une source sécuritaire indienne a indiqué à l'AFP que trois chasseurs de l'armée de l'air indienne s'étaient écrasés, pour des raisons qui n'ont pas été immédiatement précisées.

Funérailles

L'Inde, elle, recense 12 morts et 38 blessés dans le village cachemiri indien de Poonch, cible de nombreux obus pakistanais, selon des journalistes de l'AFP.

'Nous avons été réveillés par des tirs (...) j'ai vu des obus tomber', a rapporté à l'agence Press Trust of India (PTI) un habitant de Poonch, Farooq.

De violentes explosions ont aussi secoué plus tôt dans la nuit les alentours de Srinagar, la principale ville de la partie indienne du Cachemire.

De l'autre côté de la frontière de facto au Cachemire, Mohammed Salman, qui vit près d'une mosquée visée par des missiles indiens à Muzaffarabad a raconté à l'AFP la 'panique partout'. 'Il y a eu des bruits terribles dans la nuit', lâche-t-il.

'Nous allons vers des zones plus sûres, nous sommes sans abri maintenant', se lamente Tariq Mir, 24 ans, touché à la jambe par des éclats d'obus.

Dans la région, les funérailles des victimes ont commencé. A Muzzaffarabad, des dizaines de Pakistanais, tête baissée autour d'un cercueil en bois, sont venus rendre un dernier hommage à une victime.

Sur le site d'une frappe, les observateurs militaires des Nations unies déployés dans la zone disputée inspectaient les dégâts.

Le Comité de la sécurité nationale, convoqué uniquement pour les urgences extrêmes à Islamabad, a réclamé que le monde fasse 'rendre des comptes' à l'Inde, tandis que son allié, Ankara, a pointé du doigt New Delhi.

'L'attaque conduite la nuit dernière par l'Inde fait courir le risque d'une guerre totale', a dit le ministère turc des Affaires étrangères.

Le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar a, lui, multiplié les coups de fils avec le Japon, la France, l'Allemagne et l'Espagne pour justifier les frappes.

'Un grand boum'

L'un des sites ciblés est la mosquée Subhan, à Bahawalpur, dans le Pendjab pakistanais, liée selon le renseignement indien à des groupes proches du mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba (LeT).

L'Inde accuse ce groupe, soupçonné des attaques qui avaient fait 166 morts à Bombay en 2008, d'avoir mené l'attaque du 22 avril.

Au Pendjab pakistanais, Mohammed Khourram, un habitant de Mouridke, une autre ville visée, a raconté à l'AFP avoir entendu 'un grand boum, très bizarre'.

'J'ai eu très peur, comme si c'était un tremblement de terre. Puis un missile est arrivé et a frappé, et un second une minute après, trois ou quatre ont suivi pendant les trois ou quatre minutes suivantes', a-t-il poursuivi.

Les représailles indiennes ont été accueillies avec satisfaction dans les rues de New Delhi.

Le Premier ministre Narendra Modi 'a vengé les morts (du 22 avril)', s'est réjoui auprès de l'AFP G.B. Rajakumar, un chauffeur de la capitale.

Environ 200 Pakistanais ont défilé tôt mercredi dans la ville méridionale de Hyderabad, brûlant des drapeaux indiens et des portraits de Narendra Modi.

Quelques heures après la flambée de violence, pour Praveen Donthi, du centre de réflexion International Crisis Group, 'l'escalade a atteint un niveau supérieur à celui de la dernière crise survenue en 2019, avec des conséquences potentielles terribles'.

Guerre de l'eau

Cette année-là, New Delhi avait frappé le sol pakistanais après une attaque meurtrière contre un de ses convois militaires au Cachemire.

La porte-parole de l'armée indienne a assuré que les cibles visées mercredi avaient été 'choisies pour éviter tout dommage aux infrastructures civiles ou toutes pertes civiles'.

Mardi soir, Narendra Modi avait annoncé son intention de 'couper l'eau' des fleuves qui prennent leur source en Inde et irriguent le Pakistan - une menace impossible à mettre à exécution à court terme, selon les experts.

Dès le lendemain de l'attentat, l'Inde s'était retiré du traité de partage des eaux signé en 1960 avec son voisin.

Mardi, le Pakistan l'avait accusé de modifier le débit du fleuve Chenab, l'un des trois placés sous son contrôle selon ce traité.

/ATS