Coran brûlé: vives condamnations dans le monde musulman
La police est intervenue après qu'un Irakien a brûlé un exemplaire du Coran à Stockholm mercredi.
Photo: KEYSTONE/EPA/STEFAN JERREVANGDes manifestants ont brièvement pénétré dans l'ambassade de Suède à Bagdad jeudi, en signe de protestation après qu'un Irakien a brûlé des pages d'un exemplaire du Coran à Stockholm. Un acte condamné par de nombreux pays musulmans.
Les quelques dizaines de partisans du dirigeant chiite Moqtada Sadr sont restés environ un quart d'heure dans la représentation diplomatique et en sont ressortis dans le calme à l'arrivée des forces de l'ordre, selon un photographe de l'AFP.
Les manifestants avaient d'abord protesté devant l'ambassade, à l'appel de Moqtada Sadr qui a exigé le 'renvoi de l'ambassadeur' après l'action de Salwan Momika, un Irakien de 37 ans ayant fui son pays pour la Suède, préalablement autorisée par les autorités de ce pays.
Mercredi, Salwan Momika a piétiné un exemplaire du Coran avant d'en brûler plusieurs pages devant la plus grande mosquée de Stockholm, au premier jour de l'Aïd al-Adha, la grande fête du sacrifice célébrée par les musulmans à travers le monde.
Des actions similaires ont par le passé eu lieu en Suède ou dans d'autres pays d'Europe, parfois à l'initiative de mouvements d'extrême droite, entraînant manifestations et tensions diplomatiques.
'Actes racistes'
Dès mercredi soir, le gouvernement irakien a condamné 'des actes racistes, incitant à la violence et à la haine' qui surviennent 'de manière répétée' dans des pays 'qui se targuent d'embrasser la diversité et le respect des croyances d'autrui'.
Le ministère des Affaires étrangères irakien a dénoncé 'la permission donnée par les autorités suédoises à un extrémiste de brûler un exemplaire du Saint Coran'.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui aussi fustigé jeudi la Suède pour avoir autorisé l'évènement. 'Nous enseignerons aux Occidentaux arrogants qu'insulter les musulmans ne relève pas de la liberté d'expression', a-t-il déclaré.
'Insulte'
L'Arabie saoudite a dénoncé des 'actes haineux et répétés (...) incitant à la haine, à l'exclusion et au racisme, et contredisant les efforts visant à répandre les valeurs de tolérance'. Le Koweït a appelé à ce que les auteurs de tels 'actes hostiles' soient jugés.
'Le gouvernement et le peuple de la République islamique d'Iran (...) ne tolèrent pas une telle insulte', a déclaré à Téhéran le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani.
Le Maroc a rappelé son ambassadeur en Suède, condamnant un acte 'irresponsable' et 'des provocations répétitives, commises sous le regard complaisant du gouvernement suédois'.
Les Emirats arabes unis ont convoqué l'ambassadeur de Suède à Abou Dhabi pour 'condamner la décision de la Suède d'autoriser des extrémistes à brûler des exemplaires' du Coran. L'Egypte, le plus peuplé des pays arabes, a fustigé un 'geste honteux et une provocation pour les sentiments des musulmans'.
'Silence' de la Suède
La Libye a exprimé son 'étonnement du silence des autorités suédoises face à ces provocations fréquentes' et les a appelées à respecter les sentiments des musulmans.
La Syrie a 'condamné avec la plus grande fermeté l'acte honteux' commis 'par un extrémiste avec la permission (...) du gouvernement suédois.' 'L'insulte aux religions est incompatible avec la liberté religieuse', a déclaré le ministère bahreïni des Affaires étrangères.
'Complices du crime'
A Beyrouth, le puissant mouvement chiite Hezbollah a accusé les autorités suédoises d'être 'complices du crime', appelant Stockholm à mettre fin à de tels actes 'plutôt que de se cacher derrière la liberté d'expression'.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a, lui, dénoncé une 'violation flagrante des (...) valeurs de tolérance, d'acceptation des autres'.
'Agression au coeur de notre foi'
Des organisations dans la région ont également réagi, comme la Ligue arabe qui a condamné une 'agression au coeur de notre foi musulmane'.
Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a tenu les 'autorités suédoises responsables de toutes les réactions résultant de ces actes', alors que l'Organisation de la coopération islamique (OCI) a annoncé la tenue d'une 'réunion d'urgence' la semaine prochaine à Jeddah, en Arabie saoudite, pour 'discuter des mesures contre ces actes ignobles'.
A Kaboul, le gouvernement taliban a dénoncé un 'mépris total' envers l'islam.
Une manifestation en janvier au cours de laquelle un exemplaire du Coran avait été brûlé à Stockholm devant l'ambassade de Turquie avait suscité la colère à travers le monde musulman et des manifestations et appels au boycott de produits suédois.
/ATS