Crise au Moyen-Orient: Jean-Marc Rickli alerte sur l'affaiblissement du multilatéralisme
Alors que les États-Unis envisageaient une attaque contre l’Iran, une conférence diplomatique se tenait au même moment à Genève. Pour le spécialiste des relations internationales, cette séquence illustre le déclin du multilatéralisme et la fragilisation du rôle de la Genève internationale.
Alors que les tensions explosent au Moyen-Orient, le rôle de la Genève internationale et la crédibilité du multilatéralisme sont remis en question. Vendredi, une conférence diplomatique s’est tenue à Genève entre ministres européens et iraniens, pendant que les États-Unis planifiaient déjà une attaque contre les installations nucléaires iraniennes. Un contexte que Jean-Marc Rickli, directeur des Risques globaux au Centre de politique de sécurité de Genève, juge symptomatique d’un profond basculement géopolitique.
«L’Europe est désarmée après 30 ans de désengagement en matière de sécurité», constate-t-il. La nouvelle posture américaine, plus transactionnelle depuis Trump, complique encore la donne pour les Européens, qui «ne parlent pas d’une seule voix». Résultat: l’Union européenne peine à peser sur la scène internationale.
«Il faut se battre pour maintenir l’écosystème genevois»
Le spécialiste pointe aussi l’érosion des normes internationales. «On voit un détricotement des régimes de contrôle de l’armement», explique-t-il, citant le retour en grâce des mines antipersonnelles dans certains États frontaliers de la Russie. Le multilatéralisme, pilier de la Genève internationale, vacille au profit d’un retour aux rapports de force.
Dans ce contexte, la Suisse et Genève doivent défendre leur rôle. «Il faut se battre pour maintenir l’écosystème genevois», alerte Jean-Marc Rickli. Car de nouveaux acteurs, comme le Qatar ou Oman, investissent dans la médiation et pourraient séduire ONG et organisations internationales. L’expertise locale reste un atout, mais il ne suffit plus