Daniel Warner: «Donald Trump vit dans une certaine illusion»
Alors que Donald Trump célèbre ses 100 premiers jours à la Maison Blanche, le politologue Daniel Warner dresse un bilan sévère de ce début de mandat. Instabilité, politique étrangère brouillonne, promesses non tenues: l’expert dénonce un président isolé, davantage omnibulé par son image.
Politologue spécialiste des États-Unis, Daniel Warner décrypte les 100 premiers jours du retour de Donald Trump à la présidence. Alors que l’intéressé les qualifie comme «les plus réussis de l’histoire américaine», l’analyste en donne une lecture radicalement opposée: «Donald Trump vit dans une certaine illusion», synthétise Daniel Warner.
Le politologue rappelle d’abord le symbole des 100 jours, en référence à Franklin D. Roosevelt en 1933. «Roosevelt avait fait voter 80 lois en 100 jours. Trump? Cinq», constate le Genevois. Pire, souligne-t-il, «211 poursuites ont été engagées contre son administration».
En matière de politique internationale, Daniel Warner estime que le président a fait des alliés de l'Amérique, ses nouveaux ennemis: le Mexique, le Canada, l’Union européenne, l’OTAN. Selon lui, Donald Trump agit sans cohérence. «Il dit une chose, puis le contraire. Il a choqué sur les droits de douane, puis a reculé», argumente le politologue.
Un président imprévisible
Concernant l’Ukraine, Daniel Warner est tout aussi tranché. Pour rappel, Donald Trump avait promis de résoudre le conflit en 24 heures. «Non seulement il ne l’a pas fait, mais il a humilié Zelensky, avant de retourner sa veste en le rencontrant en toute amitié au Vatican», perçoit le Genevois.
Pour le politologue, trois traits définissent la méthode Trump. «La vitesse, l’égocentrisme, et le chaos». Daniel Warner s'inquiète d’un système qui «perd en stabilité» et d’une présidence qui «mine la confiance, même dans le dollar». Malgré tout, le président conserve une base fidèle. «Il demeure en bas de tous les sondages des derniers sept présidents à ce stade», rappelle l'expert. Selon lui, les Républicains «ont peur de contrarier Trump».
le Président pourrait rapidement être rattrapé par l’économie. Récession annoncée, chômage massif dans l’administration, promesses non tenues à Elon Musk, «même le prix des œufs inquiète les Américains», ironise Daniel Warner. Quant à l’éventualité d’un troisième mandat en 2028, le politologue n’y croit pas. «Il parle beaucoup, mais la Constitution est claire sru ce point. Ce qui compte, ce sont les élections de mi-mandat en 2026.»