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David Sylvan: «Kamala Harris est une candidate féroce»

23.07.2024 18h02 Jérémy Seydoux

David Sylvan

Qui est Kamala Harris et quelles conséquences son éventuelle présidence aurait-elle sur la Suisse? Entretien avec le professeur en science politique (IHEID) et spécialiste des États-Unis Davis Sylvan. 

«Le poste de vice-président est un poste ingrat, il est envoyé pour faire des tâches peu reluisantes et le grand public ne connaît pas forcément son nom», analyse le politologue. Or, depuis le retrait de Joe Biden, voilà Kamala Harris propulsée sur le devant de la scène. Celle qui a été procureure de San Francisco, puis de l’État de Californie avant de rejoindre le Sénat, a fait les frais jusqu'à présent de cette sorte de mise au placard. 

Elle devrait retrouver sa pugnacité d’antan estime David Sylvan: «C’est une candidate féroce. Au Sénat, dans les commissions parlementaires, elle s’est forgée la réputation de quelqu’un qui pouvait utiliser son marteau.» Un parcours qui fait aussi d’elle une débattaire redoutée, notamment par le clan Trump. 

Enfin, sur son positionnement, David Sylvan ne croit pas à un virage à gauche en cas d’élection: «Elle suivra la ligne Biden, si ce n’est sur la question de l’avortement. Joe Biden, en bon catholique, a toujours été embarrassé par ce débat, au contraire de Kamala Harris.»

Née d’une mère Jamaïcaine et d’un père Indien, elle est aussi le symbole d’une ascension façon «rêve américain».

Peu de conséquences pour la Suisse

À entendre ce spécialiste des États-Unis, les conséquences de cette élection pour la Suisse seraient minimes, quelle que soit l’issue du scrutin. La Suisse est un «decision taker» et pas un «décision maker» explique-t-il.

Les plus grosses secousses pourraient néanmoins se produire sur la Genève internationale en cas d’élection du candidat républicain: «Trump déteste les organisations internationales et fera tout ce qui est en son possible pour leur couper les vivres» explique David Sylvan.

L’ex-président pourrait aussi s’illustrer par une politique plus protectionniste que celle menée par la Démocrate. 

Avantage Harris ?

Les sondages donnent toujours Trump gagnant mais le chamboulement de la campagne avec le retrait de Joe Biden pourrait changer la donne: «L’élection sera très serrée, avec un pays très bipolarisé» analyse le professeur. Mais au jeu des pronostics David Sylvan estime que Trump aurait atteint un plafond de popularité, alors que Kamala Harris bénéficierait d’une marge de progression, notamment auprès de l’électorat noir ou latino.