Décorner des rhinocéros noirs pour éviter le braconnage
Lors d'une opération respectueuse de l'animal, les cornes du rhinocéros noir lui sont enlevées (archives).
Photo: KEYSTONE/EPA/KIM LUDBROOKUne étude de l'Université de Neuchâtel (UniNE) a cherché à mesurer l'impact du décornage préventif des rhinocéros noirs, pour les préserver du braconnage. La mesure va dans le bon sens, même si le long cycle de vie de l'animal ne permet pas de le dire avec certitude.
Vanessa Duthé, doctorante à l'Université de Neuchâtel, a étudié l'impact de cette mesure dans dix réserves naturelles d'Afrique du Sud. Son étude, qui se base sur des observations de 368 individus et menée depuis 15 ans, est publiée lundi dans la revue scientifique de référence PNAS, dans le cadre du Black Rhino Conservation Project, dont elle est l’initiatrice.
Des responsables de réserves, des écologues et des responsables de monitoring figurent parmi les co-auteurs de l'étude. 'Nous avons rassemblé des données uniques et très rares', a déclaré Vanessa Duthé, cité dans le communiqué.
Le rhinocéros noir, une espèce menacée d'extinction et dont il ne reste que 5500 individus dans le monde, est braconné pour ses cornes qui se vendent au marché noir plus cher que l'or. Pour faire face à ce braconnage, les responsables de certaines réserves naturelles ont décidé d'écorner préventivement ces mammifères, lors d'une opération pratiquée dans des conditions respectueuses de l'animal.
Pas de hausse de la mortalité
L'étude a montré que le décornage n'augmente pas la mortalité naturelle de l'animal et n'affecte pas sa capacité de survie. L'absence de cornes entraîne toutefois une réduction des territoires de 45,5% en moyenne.
Ce constat implique un changement dans l'utilisation spatiale des ressources et dans la structuration de la dominance. 'Il sera sans doute plus difficile de sélectionner les individus à déplacer', relève l'étude.
La chercheuse a néanmoins observé que de plus petits territoires engendreront peut-être moins de combats entre mâles, parfois mortels. Les rhinocéros écornés sont, en moyenne, 37% moins susceptibles de s'engager dans des interactions sociales.
L'étude ne peut pas encore dire si le décornage est réellement positif ou négatif. Le long cycle de vie de l'animal (de 30 à 50 ans) exige de prendre en compte des données à plus long terme pour conclure sur les effets de la reproduction et de la génétique.
Une autre recherche, menée en Namibie, a toutefois démontré que l'écornage n'affectait pas le taux de reproduction. Cela laisse plutôt présager, conjointement avec d'autres mesures, une tendance à l'amélioration de la préservation de l'espèce.
/ATS