International

Dernière ligne droite pour les négociations de l'ONU sur la nature

17.12.2022 18h01

L'espoir d'un accord ravivé à la COP15 sur la biodiversité

70% des écosystèmes mondiaux sont dégradés, largement à cause de l'activité humaine, et plus d'un million d'espèces sont menacées de disparition. Ici, l'Amazonie brésilienne.

Photo: KEYSTONE/EPA EFE/MARCELO SAYAO

Un vent d'optimisme soufflait samedi à la COP15 pour la biodiversité. Un accord de compromis semblait se dessiner, même si la question financière restait en suspens.

'Je suis très confiant dans le fait que nous allons pouvoir maintenir nos ambitions et obtenir un accord', a déclaré devant la presse samedi le ministre chinois de l'Environnement, Huang Runqiu, président de la COP15.

L'ambition de cette COP sur la biodiversité reste de sceller d'ici le 19 décembre un accord sur la biodiversité aussi historique que celui de Paris pour le climat en 2015.

En l'absence des chefs d'Etat ou de gouvernement à ce sommet de la décennie, crucial pour l'humanité et la planète, les ministres de l'Environnement étaient à pied d'oeuvre pour la troisième et dernière journée d'affilée.

Feuille de route jusqu'en 2030

Le texte se veut une feuille de route pour les nations jusqu'en 2030, le dernier plan décennal signé au Japon en 2010 n'ayant atteint aucun de ses objectifs, notamment en raison de l'absence de mécanismes de suivi.

Parmi les principaux objectifs du projet, figure l'engagement de protéger 30% des terres et des océans d'ici à 2030, la diminution de moitié de l'usage des pesticides, la restauration de milliards d'hectares de terres dégradées.

'Nous avons fait d'énormes progrès', a déclaré Steven Guilbeault, ministre de l'Environnement du Canada, pays qui accueille le sommet. Toutefois, de nombreux points sont encore âprement discutés dans leurs détails, notamment avec les pays du Sud.

Ceux-ci craignent des critères trop restrictifs, incompatibles avec leurs besoins de développement ou leurs moyens techniques et financiers.

Partager les bénéfices

Les pays en développement, où se trouve la majeure partie de la biodiversité mondiale, estiment par ailleurs que le partage des bénéfices des ressources naturelles, objectif au coeur de la Convention sur la biodiversité de 1992, n'a pas eu lieu.

Pour s'engager sur un accord ambitieux, ils réclament donc 100 milliards de dollars par an. Le montant, calqué sur celui de la promesse non tenue de l'aide internationale pour le climat, équivaudrait à multiplier par dix les transferts actuels du Nord vers le Sud au titre de la biodiversité.

Les pays du Sud poussent donc toujours pour la création d'un nouveau fonds distinct, à l'image de celui obtenu par le Sud en novembre pour affronter les dégâts climatiques.

Mécanismes de suivi

'Je pense que nous allons obtenir un accord, la question est sa qualité: nous avons besoin d'ambition autant sur le financement que sur les cibles de conservation', a commenté Li Shuo, conseiller chez Greenpeace.

Plusieurs textes provisoires publiés samedi sur des questions techniques essentielles laissaient entrevoir ce que pourrait être l'accord final.

L'un des documents concerne les mécanismes de suivi et de contrôle, indispensables pour ne pas répéter l'échec de l'accord précédent, l'autre porte sur le partage avec le Sud du bénéfice des ressources biologiques permettant la fabrication de médicaments ou produits cosmétiques dans les pays riches.

'Obligation morale'

'Il y a une obligation morale' à stopper la perte de la biodiversité, affirment plus de 3100 chercheurs de 128 pays dans une lettre ouverte samedi, inquiets de voir les négociations piétiner.

'C'est réalisable si nous agissons maintenant, et de manière décisive', et 'nous le devons à nous-mêmes et aux générations futures - nous ne pouvons plus attendre', ont-ils lancé.

Car le temps presse: 70% des écosystèmes mondiaux sont dégradés, largement à cause de l'activité humaine, plus d'un million d'espèces sont menacées de disparition sur la planète, etc.

Et au-delà des implications morales, c'est toute la prospérité du monde qui est en jeu, rappellent les experts: plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services

/ATS