Des colibris femelles se déguisent pour éviter les agressions
Le colibri jacobin est une espèce de colibri d'assez grande taille du continent américain (archives).
Photo: KEYSTONE/AP Neoselva Photography/PAOLO DAVID ESCOBARDes colibris femelles adoptent la parure des mâles pour éviter de subir leur concurrence dans la collecte de nectar. Cet exemple remarquable de mimétisme entre sexes d'une même espèce est décrit dans une étude parue mercredi.
Chez le colibri jacobin, une espèce commune d'Amérique centrale et du Sud, le plumage coloré du mâle le distingue normalement de celui de la femelle, plutôt terne. Pourtant, 20% de ces colibris femelles grandissent en mimant la parure des mâles.
Le déguisement dissuade leurs congénères mâles, prompts à évincer un concurrent pour accéder au nectar de fleurs, de s'en prendre à elles, selon l'étude publiée dans la revue de recherches biologiques de la Royal Society, 'Proceedings B'.
'Les femelles androchromes [avec une parure de mâle, ndlr] miment les mâles, plus agressifs, pour accéder au nectar', a expliqué à l'AFP le premier auteur de l'étude, Jay Falk, du département de biologie de l'université de Washington.
Fin stratagème
L'équipe d'ornithologues menée par Jay Falk a cherché à savoir si le colibri femelle androchrome poussait la supercherie jusqu'à une ressemblance physique (au-delà du plumage) et comportementale. Réponse: en rien.
Les femelles androchromes 'récoltent le bénéfice d'apparaître comme un mâle agressif via le mimétisme, sans le coût potentiel d'avoir à se comporter comme lui', selon l'étude. Autrement dit, la femelle n'a pas à faire d'effort, musculaire et nerveux, pour singer le mâle, il lui suffit de se déguiser.
Ce stratagème fonctionne normalement à la condition qu'un nombre restreint de femelles l'utilisent. Sinon, les mâles pourraient se rendre compte de la supercherie et la nature essayer d'y trouver une parade. 'Nous supposons qu'une sorte de point d'équilibre a été atteint dans la valeur adaptative [qui mesure son succès à se reproduire, ndlr] entre les androchromes et hétérochromes', déclare Jay Falk.
Il n'exclut pas que l'espèce évolue vers une parfaite ressemblance entre les sexes. L'étude remarque à cet égard que de nombreuses espèces de colibris ont un plumage unique.
/ATS