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Double attaque dans le centre de la Somalie: au moins 48 morts

24.03.2022 16h58

Double attaque dans le centre de la Somalie: au moins 48 morts

Les shebab somaliens mènent régulièrement des attentats sur des cibles gouvernementales et militaires (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/FARAH ABDI WARSAMEH

Deux attaques ont tué au moins 48 personnes mercredi soir à Beledweyne, une localité du centre de la Somalie, selon un nouveau bilan communiqué jeudi par le gouverneur de l'Etat d'Hirshabelle. Elles ont été revendiquées par les shebab.

Ces attaques sont intervenues quelques heures après une autre attaque menée contre l'aéroport de la capitale Mogadiscio, réputé pour être le site le plus sécurisé de ce pays instable de la Corne de l'Afrique.

'Nous pouvons confirmer pour l'instant que 48 personnes ont été tuées et 108 autres blessées dans les deux explosions', a déclaré le gouverneur Ali Gudlawe Hussein. Les secouristes ont trouvé des corps ensevelis sous des débris.

Il a exhorté les citoyens 'à être très vigilants, nous ordonnons à toutes les agences sécuritaires de renforcer la sécurité', a-t-il dit. Plus tôt jeudi, le chef de la police du district de Beledweyne avait fait état de plus de 30 morts.

Explosion devant l'hôpital

'Les terroristes ont mené la première attaque avec un kamikaze et ont tenu prête une voiture chargée d'explosifs devant l'hôpital afin de faire plus de victimes', a dit par téléphone ce responsable, Isak Ali Abdulle. 'Il s'agissait d'attaques simultanées dévastatrices qui ont endommagé des biens ainsi que causé des pertes civiles massives'.

La première attaque a tué deux députés sortants, dont Amina Mohamed Abdi, qui faisait campagne pour sa réélection, ainsi que 'plusieurs' de ses gardes. La deuxième a eu lieu peu de temps après devant l'hôpital, où des voitures éventrées étaient visibles jeudi.

Les islamistes shebab ont revendiqué les attaques. Ils ont affirmé avoir visé des 'hommes politiques concourant pour les élections' en cours.

Aéroport visé

Mercredi matin, au moins trois personnes ont par ailleurs été tuées lors d'une attaque sur l'aéroport de Mogadiscio, enceinte sous haute protection abritant des bureaux de l'ONU, des ambassades et une base de la force de l'Union africaine (Amisom). L'attaque a duré environ 45 minutes, ont indiqué plusieurs témoins, avant que les assaillants ne soient abattus. Elle a aussi été revendiquée par les shebab.

Le mouvement islamiste, qui combat le fragile gouvernement fédéral somalien, a été chassé de Mogadiscio en 2011 après une offensive de l'Amisom, mais il contrôle toujours de vastes zones rurales de Somalie et continue de mener des attentats sur des cibles gouvernementales et militaires.

La Somalie, et particulièrement sa capitale, ont été ces dernières semaines le théâtre de multiples attaques, alors que le pays attend depuis plus d'un an l'élection d'un nouveau Parlement et d'un nouveau président.

Le mandat du président Mohamed Abdullahi Mohamed est arrivé à échéance en février 2021 sans qu'il soit parvenu à organiser un scrutin. Depuis, le processus avance péniblement, retardé par des conflits au sommet de l'exécutif et entre le gouvernement central et certains Etats fédéraux.

Après maints reports, la clôture des élections de la chambre basse a été fixée au 31 mars. Cette étape doit ouvrir une nouvelle phase devant mener à la désignation d'un nouveau chef de l'Etat.

'Massacres politiquement motivés'

Les retards à répétition inquiètent la communauté internationale, qui estime qu'ils détournent l'attention des autorités de sujets cruciaux pour le pays, comme l'insurrection des shebab.

'La violence n'est pas une façon d'avancer pour la Somalie. L'UE condamne le terrorisme et les massacres politiquement motivés', a twitté jeudi l'ambassadrice de l'Union européenne en Somalie, Tiina Intelmann.

'Nos pensées vont à tous ceux qui ont été touchés par les attaques à Mogadiscio et à Beledweyne hier. Nous condamnons fermement l'utilisation de la violence pour intimider et perturber les élections. Le Royaume-Uni se tient au côté de la Somalie dans sa lutte contre le terrorisme', a renchéri son homologue britannique Katie Foster.

/ATS