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Elections à haut risque pour le premier ministre socialiste

30.01.2022 14h45

Auréolé d'une victoire électorale d'une ampleur inattendue aux législatives, le Premier ministre socialiste portugais Antonio Costa a désormais les coudées franches. Il devra gérer la reprise après la sévère crise économique et sociale provoquée par la pandémie.

Arrivé au pouvoir fin 2015 grâce à une alliance inédite avec la gauche radicale, le dirigeant de 60 ans ne dépendra plus du soutien de ses anciens alliés, sanctionnés dans les urnes après avoir provoqué les élections anticipées de dimanche en rejetant le projet de budget pour 2022 en octobre.

Selon des résultats officiels quasi-complets, le Parti socialiste (PS) de M. Costa a remporté 41,7% des voix et au moins 117 députés sur un total de 230, obtenant ainsi la deuxième majorité absolue de son histoire.

Une surprise

Cette large victoire des socialistes, qui ouvre la voie à une période de stabilité politique, est une surprise alors que les sondages donnaient en fin de campagne l'ancien maire de Lisbonne au coude-à-coude avec son rival de centre-droit Rui Rio, du Parti social-démocrate (PSD), l'un des grands perdants de ce scrutin.

Le paysage politique portugais a également été bouleversé par la percée du parti d'extrême droite Chega, devenue la troisième force politique du pays avec 12 députés alors qu'il n'en comptait qu'un jusqu'ici.

Fondateur et président de cette formation antisystème, André Ventura, qui s'est fait connaître comme commentateur sportif, a promis à ses partisans que Chega représenterait 'la véritable opposition au Parti socialiste'.

'Enorme responsabilité'

'Notre mission est très claire: tourner la page de la pandémie et mobiliser toutes les énergies en faveur de la relance et du progrès', a déclaré dimanche soir Antonio Costa, se disant investi d'une 'énorme responsabilité'.

Une fois qu'il aura officiellement été appelé à former un nouveau gouvernement par le président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, le socialiste aura pour première priorité de faire adopter le budget 2022 que ses anciens alliés de gauche radicale avaient rejeté car il n'était pas, selon eux, assez social.

Avant de tirer profit de l'enveloppe de 16 milliards d'euros (16,6 milliards de francs) mise à la disposition du pays dans le cadre du plan de relance post-Covid de l'Union européenne pour 'mettre en oeuvre l'ensemble des investissements et des réformes nécessaires pour rendre le Portugal plus prospère, plus juste et plus novateur', a-t-il souligné.

Vote utile

Grâce à sa majorité absolue, le PS 'pro-européen et fondamentalement de centre gauche', qui gouvernait en minorité depuis 2015, 'va cesser de faire des concessions aussi importantes' aux partis situés à sa gauche, Bloc de gauche et communistes, explique à l'AFP le politologue Antonio Costa Pinto.

Selon ce chercheur de l'Institut des sciences sociales de l'Université de Lisbonne, la large victoire socialiste s'explique d'un côté par la 'punition' infligée par les électeurs à la gauche radicale, jugée responsable de la crise politique, et le 'transfert de voix' de leurs électeurs en faveur des socialistes.

La bataille très serrée annoncée dans les sondages entre le camp de M. Costa et le centre-droit, a par ailleurs 'renforcé le vote utile en faveur du PS' et mobilisé l'électorat de gauche, a-t-il ajouté.

Bonnes nouvelles économiques

Lundi matin, M. Costa a pu savourer d'autres bonnes nouvelles, économiques cette fois.

L'Institut national des statistiques a ainsi annoncé que l'économie portugaise avait enregistré une croissance de 4,9% en 2021, un chiffre record depuis 1990, qui dépasse les prévisions officielles.

En 2020, la crise sanitaire avait provoqué une récession de 8,4% dans le pays, très dépendant du tourisme, la plus sévère depuis la révolution des OEillets de 1974, qui a mis fin à la dictature.

Le taux de chômage a lui poursuivi sa baisse en décembre pour s'établir à 5,9%, soit son plus bas niveau depuis 2002. 'L'économie du Portugal devrait croître rapidement cette année (...) grâce à la reprise du tourisme', a relevé la société d'analyse Capital Economics dans une note.

/ATS