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En Floride, Ron DeSantis déroule un programme pour 2024

07.03.2023 19h34

En Floride, Ron DeSantis déroule un programme pour 2024

Ron DeSantis s'est engagé à faire de son Etat un laboratoire des idées conservatrices, espérant qu'elles le propulsent jusqu'à la Maison Blanche (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/Wilfredo Lee

'Vous n'avez encore rien vu': le gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui flirte ouvertement avec une candidature à la présidentielle de 2024, a dévoilé mardi une nouvelle série de mesures controversées pour son Etat, aux accents de programme politique pour l'Amérique.

Une réduction drastique de l'accès à l'avortement, un assouplissement de la législation sur les armes à feu, une offensive contre les jeunes transgenres... Le républicain s'est engagé à faire de son Etat un laboratoire des idées conservatrices, espérant qu'elles le propulseront jusqu'à la Maison Blanche.

'La Floride est à l'avant-garde de la bataille pour la liberté', a-t-il déclaré à la tribune du Parlement de Floride juste avant que les élus n'entament leurs travaux parlementaires. Cette session de 60 jours sera largement consacrée à faire appliquer le programme du gouverneur républicain. Après quoi les observateurs s'attendent à ce que Ron DeSantis déclare officiellement sa candidature pour 2024.

'Endoctrinement politique'

Le gouverneur conservateur, un catholique qui incarne l'autorité et les valeurs traditionnelles, est perçu comme le plus grand rival de Donald Trump pour l'investiture républicaine. Il a fait de son combat contre les politiques, les entreprises et les professeurs qu'il qualifie de 'woke' une marque de fabrique.

En clair, le quadragénaire accuse un groupe d''élites' d'imposer leur idéologie progressiste à une société qui la refuse, et il s'est engagé à faire de son Etat un rempart.

Ces prochaines semaines, les élus locaux étudieront ainsi un texte pour restreindre encore davantage l'enseignement des sujets en lien avec l'orientation sexuelle à l'école. Les établissements scolaires doivent dispenser une 'éducation de qualité' et non un 'endoctrinement politique', a plaidé Ron DeSantis mardi.

'Eliminer' le droit à l'avortement

Le gouverneur a aussi appelé à limiter l'accès aux traitements pour les mineurs transgenres, estimant que les 'enfants ne doivent pas être des cobayes pour des expériences scientifiques'. Et il a réitéré son opposition à l'avortement tandis que des élus présentaient un projet de loi pour interdire l'interruption volontaire de grossesse après six semaines.

La Maison Blanche a vivement critiqué ce projet de loi, estimant qu'il aurait pour effet de 'pratiquement éliminer le droit d'une femme' à disposer de son corps. Selon elle, ce 'mauvais' projet aurait un impact direct sur 4 millions de femmes en Floride et indirect sur 15 millions de femmes vivant dans des Etats voisins ayant déjà supprimé ou fortement restreint le droit à l'avortement.

Tous ces textes ont de très grandes chances d'être adoptés compte tenu de l'influence énorme dont le républicain de 44 ans jouit sur son parti, majoritaire dans les deux chambres du Parlement local. Et ils continueront d'offrir au gouverneur une attention médiatique dont rêveraient de nombreux candidats à l'élection présidentielle.

Pas d'affrontement direct

Ron DeSantis résiste pour autant à l'idée de descendre prématurément dans l'arène et affronter Donald Trump. A la place, il s'est lancé dans un grand tour du pays, soucieux de cultiver son capital politique au-delà des frontières de son Etat.

'Nous sommes la destination numéro un pour nos compatriotes américains qui cherchent une vie meilleure', a assuré Ron DeSantis lors de son discours mardi.

Ces prochaines semaines, il continuera de faire la promotion de ses mémoires, qui attestent que le gouverneur a les yeux rivés sur la Maison Blanche. Elles sont savamment baptisées 'Le courage d'être libre: la Floride comme modèle pour redresser l'Amérique'.

'Ron-la-Morale'

Donald Trump, qui mène pour l'instant la course dans les sondages, a malgré tout commencé à lancer de premières salves en direction de son possible futur rival. 'La Floride se porte bien depuis de nombreuses années, bien avant que Ron-la-Morale ne s'y installe!', a-t-il lancé mardi, l'affublant d'un de ses célèbres sobriquets.

/ATS