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Finlande: les sociaux-démocrates au coude-à-coude avec la droite

02.04.2023 19h09

Victoire du centre droit en Finlande, Sanna Marin battue

Sanna Marin a reconnu sa défaite.

Photo: KEYSTONE/AP/Sergei Grits

Le chef du centre-droit a remporté dimanche les élections législatives en Finlande et doit remplacer la Première ministre sortante Sanna Marin, au terme d'un scrutin très serré. Les nationalistes, qui pourraient entrer au gouvernement, ont atteint un record.

'C'est une grande victoire', a lancé Petteri Orpo, un ancien ministre de 53 ans, sous les acclamations de ses partisans.

'Nous allons commencer les négociations pour un gouvernement en Finlande', a dit celui qui a désormais la possibilité de nouer une alliance vers la gauche avec Mme Marin ou avec le parti anti-immigration et eurosceptique des Finlandais de Riikka Purra.

Selon des résultats quasi-définitifs portant sur plus de 98% des suffrages, le parti de la Coalition nationale arrive en tête avec 48 des 200 sièges du Parlement, devant le parti des Finlandais (46) et les sociaux-démocrates (43).

Défaite reconnue

Malgré une progression par rapport aux élections de 2019, Sanna Marin a reconnu sa défaite. 'Félicitations au vainqueur des élections, félicitations à la Coalition nationale, félicitations au parti des Finlandais, la démocratie a parlé', a-t-elle dit.

Le candidat du parti arrivé premier hérite traditionnellement du poste de Premier ministre en Finlande, à condition de pouvoir réunir une majorité au Parlement.

Les écarts en voix sont tout aussi ténus: 20,8% pour le centre-droit, 20,1% pour l'extrême-droite, et 19,9% pour le SDP de Mme Marin.

Saluée aux cris de 'Finlande! Finlande!', Riikka Purra s'est elle félicitée devant ses supporters du 'meilleur résultat électoral' de l'histoire du parti nationaliste.

La dirigeante nationaliste de 45 ans s'est même offert le luxe de rallier le plus grand nombre de voix sur son nom, avec environ 38'000 contre 35'000 pour la populaire Sanna Marin.

Petteri Orpo avait fait la course en tête des sondages durant la campagne avant de voir son avance fondre dans le sprint final.

Les trois partis progressent par rapport aux dernières élections de 2019, dans une bataille à trois qui a éclipsé les résultats des autres formations.

Record battu

Installé depuis plus de 20 ans dans la vie politique finlandaise, l'extrême droite a battu son record de 19,05% remontant à 2011, dans le sillage de la vague populiste qui traverse l'Europe ces dernières années.

'Nous n'avons pas de parti d'extrême droite en Finlande', a toutefois assuré M. Orpo devant la presse étrangère, alors qu'une alliance avec les nationalistes est jugée probable.

Ces élections législatives dans le pays de 5,5 millions d'habitants coïncident avec l'entrée officielle du pays frontalier de la Russie dans l'Otan, attendue dans les prochains jours.

Populaire à l'étranger comme en Finlande, Sanna Marin s'est imposée comme une 'Première ministre rock star' mais elle divise davantage dans son pays, où elle a été critiquée sur les finances publiques et l'inflation.

Les hommes sont surreprésentés dans l'électorat de droite, tandis que les femmes votent davantage à gauche et pour Mme Marin.

Bonne gestion

Plus jeune cheffe du gouvernement au monde lors de son arrivée au pouvoir fin 2019, elle a été saluée pour sa bonne gestion de la pandémie de Covid-19 et du processus d'adhésion à l'Otan, et pour ses prises de position contre la Russie voisine.

'Elle nous a rendu fiers, avant les gens se moquaient de nous, on était un parti de la vieille école', confie Mo Shimer, un militant du SDP de 26 ans.

L'économie a été l'angle d'attaque principal de l'opposition, qui dénonce notamment la hausse de la dette publique. L'extrême droite a elle fait campagne sur la délinquance juvénile, liée selon elle à l'immigration.

La formation d'un gouvernement prend traditionnellement plusieurs semaines, voire des mois. Mme Marin devrait donc assurer l'intérim la semaine prochaine lorsque la Finlande va officiellement adhérer à l'Otan.

L'élection ne change rien du point de vue de l'alliance militaire: tous les grands partis, y compris les Finlandais, y sont désormais favorables depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

/ATS