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Funérailles nationales de l'ancien président Mwai Kibaki

29.04.2022 16h49

Funérailles nationales de l'ancien président Mwai Kibaki

Les bancs du stade de Nyayo, au coeur de la capitale Nairobi, étaient remplis pour les funérailles nationales de l'ancien président Mwai Kibaki.

Photo: KEYSTONE/AP/Brian Inganga

Le Kenya a tenu vendredi des funérailles nationales en l'honneur de l'ancien président Mwai Kibaki, décédé une semaine plus tôt à l'âge de 90 ans et dont la décennie au pouvoir fut marquée par un renouveau économique mais aussi par des scandales et des violences.

M. Kibaki fut le troisième chef de l'Etat de l'histoire du Kenya, de décembre 2002 à avril 2013, succédant à 20 années du régime autoritaire de Daniel arap Moi et précédant l'actuel président Uhuru Kenyatta, fils du premier chef de l'Etat kenyan, Jomo Kenyatta.

Vendredi matin, déclaré jour férié, les bancs du stade national de Nyayo, au coeur de la capitale Nairobi, se sont remplis sous un ciel chargé tandis que le cercueil approchait lentement, après avoir quitté le palais présidentiel accompagné d'un cortège de soldats en grande tenue et de citoyens.

'C'est merveilleux. Kibaki mérite ce genre de respect', s'enthousiasmait Calvin Omweri, un cireur de chaussures de 40 ans qui a suivi la procession.

'Kibaki a fait beaucoup pour ce pays et nous lui devons beaucoup de respect', poursuivait-il à l'extérieur du stade, où il ne pouvait entrer en raison de l'arrivée de dignitaires.

Outre le gouvernement, de nombreux officiels et des ambassadeurs, une dizaine de chefs d'Etat et Premiers ministres du continent étaient présents, dont le président sud-africain Cyril Ramaphosa ainsi que le sud-soudanais Salva Kiir.

'Gentleman'

Mwai Kibaki, ancien professeur d'économie formé en Ouganda et à Londres, avait été élu en 2002 sur la promesse de lutter contre la corruption. Mais la décennie qu'il a passé au pouvoir a été marquée par des scandales de corruption ainsi que par les pires violences politiques depuis l'indépendance.

Fin 2007, sa réélection contestée débouche sur des violences opposant Kikuyu et Kalenjin, deux des premières communautés du pays, au cours desquelles plus de 1000 personnes sont tuées et des centaines de milliers d'autres déplacées. Elles sont encore aujourd'hui une blessure profonde dans l'histoire du Kenya.

Quelques années plus tard, en 2010, une nouvelle Constitution, saluée pour son ambition dans la division des pouvoirs et la décentralisation, sera promulguée sous son gouvernement.

Le Kenya a par ailleurs connu une forte croissance économique sous sa gouvernance, à travers notamment son programme Vision2030, repris par Uhuru Kenyatta, qui a permis le lancement de grands projets d'infrastructures, ainsi que des réformes dans la santé et l'éducation.

A la tribune, religieux et personnalités se sont succédés dans l'après-midi pour prier et rendre hommage à l'ancien président, dont le cercueil était recouvert d'un lourd drapeau kényan.

Ils ont insisté sur l'héritage et sur l'esprit de cet ancien député, ministre, chef d'opposition, puis président.

'Dans les heures sombres, il a choisi d'être la lumière ; quand la raison se faisait rare, il est devenu la voix de la raison ; et quand l'espoir était mince, il nous a tous encouragés à faire preuve du don d'endurance', a déclaré peu avant la fin des cérémonies l'actuel chef de l'Etat, Uhuru Kenyatta.

'Mwai Kibaki était un gentleman, un homme de convictions, un homme qui aimait la perfection', a de son côté loué le vétéran de la politique kényane Raila Odinga, candidat aux élections présidentielles d'août prochain, insistant sur ses années de collaboration avec lui.

'Mandela'

Selon un communiqué transmis par le ministère kényan des Affaires étrangères, la reine Elisabeth II a salué, dans un message de condoléances adressé jeudi au président Kenyatta, le 'service de toute une vie' de Mwai Kibaki auprès du peuple kényan.

'Ce sera une profonde tristesse pour votre pays d'avoir perdu un grand homme d'Etat, mais le Kenya peut s'enorgueillir de l'héritage' de l'ancien président, poursuit la citation.

De son côté, Cyril Ramaphosa a comparé Kibaki à l'ancien président sud-africain Nelson Mandela.

'Nous nous souvenons du leadership que Kibaki a montré pas seulement au Kenya mais sur le continent', a-t-il également déclaré.

Les circonstances de sa mort n'ont pas été rendues publiques. Doté d'une santé fluctuante depuis un grave accident de voiture en 2002, il avait régulièrement été admis à l'hôpital ces dernières années.

L'ancien président kikuyu doit être enterré samedi à Othaya, son fief du comté de Nyeri, où il s'était un temps retiré après son départ du pouvoir.

/ATS