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Grande grève dans l'Education à trois mois de la présidentielle

13.01.2022 13h39

Protocoles Covid: large grève des enseignants

Photo: KEYSTONE/AP/Bob Edme

'Ras-le-bol': les enseignants et personnels de l'Education nationale française, exaspérés par la valse des protocoles sanitaires, ont participé à une grève largement suivie jeudi. Ils ont aussi manifesté pour demander des réponses au gouvernement.

Près de 78'000 personnes (77'500) ont manifesté en France, dont 8200 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, qui a recensé 136 actions dans tout le pays.

'On voit la colère qui s'exprime. Il y a un ras-le-bol, il faut que le gouvernement en prenne conscience. On est à un point de rupture', a déclaré Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, lors de la manifestation parisienne jeudi après-midi, en présence notamment des candidats de gauche à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Christiane Taubira.

Près de 40% des enseignants en grève

Près de 38,5% des enseignants étaient en grève jeudi dans les écoles maternelles et élémentaires, selon le ministère de l'Education, et 75% selon le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, qui a annoncé une école sur deux fermée et évoqué 'une mobilisation historique'. Dans les collèges et lycées, 23,7% des enseignants étaient mobilisés, selon le ministère. Le Snes-FSU, premier syndicat du second degré, a lui avancé le chiffre de 62% de grévistes.

L'ensemble des syndicats de l'Education nationale, rassemblant enseignants mais aussi infirmières, AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap) ou personnels de vie scolaire, rejoints - fait plus rare - par les inspecteurs et chefs d'établissements, ont appelé à cette mobilisation, dénonçant 'une pagaille indescriptible' en raison des protocoles sanitaires.

Ils ont été reçus à 18h30, à leur demande, par le Premier ministre Jean Castex au ministère de l'Education, en présence du ministre Jean-Michel Blanquer. Son collègue de la Santé Olivier Véran, tout juste testé positif au Covid, était connecté en visio-conférence. La rencontre était toujours en cours vers 20h15.

Pour 'des réponses rapides et concrètes'

'Ce n'est pas un rendez-vous symbolique que l'on demande à Matignon aujourd'hui, mais le début d'une véritable négociation pour des réponses rapides et concrètes sur le volet sanitaire, avec des remplaçants en plus notamment, mais aussi la revalorisation des salaires', a prévenu le secrétaire général de la fédération FO de l'enseignement (FNEC FP-FO) Clément Poullet.

La tension monte, avec un ministre de l'Education autrefois bon élève du gouvernement et aujourd'hui dans la tourmente.

'Epuisement'

'C'est l'épuisement, l'exaspération après 22 mois de crise sanitaire, des modifications incessantes qu'on peut parfois comprendre, mais il faut une meilleure communication', a expliqué dans le cortège parisien Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN).

'Trois protocoles en dix jours, c'est n'importe quoi. On ment aux parents, car c'est une garderie qui est ouverte actuellement', a témoigné de son côté Anne Gau-Segonzac, 59 ans, directrice d'une école élémentaire de Montrouge (Hauts-de-Seine).

Pour Maxime, 20 ans, assistant d'éducation (AED) depuis deux ans au lycée Joliot-Curie de Nanterre (Hauts-de-Seine), 'avec tout ce qu'on nous demande de faire pour la gestion de la crise sanitaire (...), on ne peut plus assurer nos missions'.

Une infirmière scolaire, en poste depuis 18 ans, raconte, elle, que 'les conditions de travail sont devenues tellement difficiles depuis Noël qu'(elle) a pris la décision, (elle) jette l'éponge'. 'Je quitte l'Education nationale. Je repars vers l'hôpital où, même en pleine crise Covid, c'était moins pénible'.

Au-delà des professionnels de l'éducation, les mouvements lycéens FIDL, MNL et La Voix lycéenne, ainsi que la FCPE, première organisation de parents d'élèves, avaient rejoint la mobilisation, et des parents ont affiché leur soutien à la grève.

/ATS