Johnson appelle à « agir » contre le climat en James Bond
'Pied de guerre', 'armée climatique', défi pour James Bond. Lundi à Glasgow, la plupart des chefs d'Etat et de gouvernement ont sonné la charge contre le réchauffement climatique. Guy Parmelin a demandé à tous les grands émetteurs une neutralité carbone d'ici 2050.
Au premier des deux jours du sommet de quelque 120 dirigeants à la COP26, le secrétaire général de l'ONU a appelé à maintenir une limite de 1,5°C du réchauffement comme objectif. Une volonté affichée le week-end dernier par les pays du G20 à Rome, même s'ils n'ont donné aucune séquence claire pour l'atteindre.
Il est 'illusoire' de penser que les efforts annoncés par les pays jusqu'à présent suffiront, a insisté Antonio Guterres. Selon un rapport récent, ceux-ci ne permettront pas de faire mieux que 2,7°C. Alors, il faut que les Etats dévoilent de nouveaux objectifs avant même la fin de la COP, a affirmé le président français Emmanuel Macron. 'C'est le seul moyen de recrédibiliser' l'approche de 1,5°C décidé il y a six ans à Paris.
Premier émetteur mondial, la Chine, qui ne souhaite une neutralité carbone que pour 2060, n'a pas honoré la conférence de la présence physique de son président Xi Jinping. Une absence que certains considèrent comme un très mauvais signal politique, alors que Washington demande à Pékin d'en faire davantage.
L'Inde s'est elle fixé comme objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2070, a déclaré à Glasgow le Premier ministre indien Narendra Modi. L'annonce de nouveaux objectifs climatiques de cet immense pays, quatrième émetteur au monde de gaz à effet de serre derrière la Chine, les Etats-Unis et l'Union européenne, était très attendue.
Il faut que tous les Etats à cette COP affichent des objectifs clairs de réduction des émissions d'ici 2030, a insisté le président de la Confédération Guy Parmelin. Sans mentionner Pékin ni New Delhi, il a appelé les grands émetteurs notamment à une neutralité carbone d'ici 2050.
Fenêtre d'action 'étroite' selon Biden
Récemment, le Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC) a brandi la menace d'une extension de 1,5°C dès 2030, plus tôt que prévu. Avec comme conséquences, la multiplication des inondations ou les sécheresses qui vont déplacer des millions de personnes.
L'Amazonie émet désormais davantage qu'elle n'absorbe, a déploré M. Guterres. Même 2°C d'augmentation signifierait la fin d'îles comme Antigua et Barbuda ou les Maldives, a asséné la cheffe du gouvernement de la Barbade, réputée pour ses discours vibrants parmi les pays en développement.
Symbole de la tâche considérable à Glasgow, le Premier ministre britannique Boris Johnson a repris des tonalités de la Seconde Guerre mondiale dans son discours et en a appelé à James Bond. Mais contrairement aux films, la 'machine destructrice est bien réelle', a-t-il affirmé.
Comme la chancelière allemande Angela Merkel, qui participait à sa dernière conférence internationale d'importance, et la plupart des dirigeants, il a semblé moins pessimiste que récemment et estimé une action encore possible. Mais la fenêtre est 'étroite', a averti le président américain Joe Biden.
Pour le retour de son pays à une COP comme acteur du climat, il a appelé à lancer une 'décennie d'ambition et d'innovation' qui peut aboutir à des milliards d'emplois dans le monde. Et il a vanté les effets de son plan de relance vert qui doit encore être approuvé par le Congrès américain.
Millions suisses additionnels
Beaucoup de dirigeants ont rappelé les défis. Outre les ambitions climatiques, le financement de l'aide pour les pays en développement après 2025 doit être garanti. Alors même que l'objectif de mobiliser 100 milliards de dollars de fonds publics et privés par an dès 2020 n'a pas été atteint.
M. Johnson a annoncé 5 milliards de francs environ de financement pour différents mécanismes. Les Etats-Unis vont contribuer au Fonds d'adaptation sur le climat, auquel la Suisse va donner 10 millions de francs supplémentaires. M. Parmelin a aussi annoncé un soutien d'environ 7,3 millions à la Coalition pour le climat et l'air pur.
Là où le Prince Charles voit 'une guerre' à mener avec l'aide du secteur privé, le président du Conseil italien Mario Draghi, à la tête du G20, a salué 'l'armée climatique' des jeunes. Cette prochaine génération a répété son inquiétude lors des discours dans le cadre du sommet de lundi.
Au total, des dizaines de milliers de délégués participent pendant deux semaines à la COP. En raison de la pandémie, chacun doit pouvoir présenter un autotest négatif chaque jour avant d'accéder au site, même en étant entièrement vacciné. Lundi, la zone de conférence était prise d'assaut, provoquant de nombreux retards sur le programme des discours.
/ATS