International

L'OMS va décider si la variole du singe mérite l'alerte maximale

21.07.2022 13h41

Pas de communication à l'issue d'une réunion de l'OMS

L'OMS est réunie jeudi après-midi afin de décider d'élever éventuellement le niveau d'alerte au maximum pour la variole du singe.

Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Le Comité d'experts de l'OMS sur la variole du singe s'est réuni jeudi à Genève pour déterminer si la flambée actuelle de cas constitue une urgence de santé publique de portée internationale. Aucune communication n'a été faite à l'issue des échanges.

'J'ai besoin de vos conseils pour évaluer les implications de santé publique immédiates et à long terme de l'évolution de cet évènement', a déclaré le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui 'reste inquiet' de la diffusion de la maladie.

C'est à lui qu'incombe la responsabilité d'éventuellement déclarer l'urgence de santé publique de portée internationale, le plus haut degré d'alerte de l'agence de santé, sur la base des recommandations du Comité. La réunion du comité d'urgence a duré moins de six heures. Mais les éventuelles conclusions des experts n'ont pas été rendues publiques.

Aggravation

Ce Comité d'urgence a évalué les indicateurs épidémiologiques, alors que la situation s'est aggravée ces dernières semaines avec désormais plus de 15'300 cas recensés dans 71 pays, selon les derniers chiffres des autorités sanitaires des Etats-Unis (CDC), les plus à jour.

Lors d'une première réunion le 23 juin, la majorité des experts avaient recommandé au Dr Tedros de ne pas prononcer l'urgence de santé publique de portée internationale.

Détectée début mai, la recrudescence inhabituelle de cas de variole du singe en dehors des pays d'Afrique centrale et de l'ouest où le virus est endémique, s'est depuis étendue dans le monde entier, avec comme épicentre l'Europe. Décelée pour la première fois chez l'humain en 1970, la variole du singe est moins dangereuse et contagieuse que sa cousine la variole, éradiquée en 1980.

Eviter la stigmatisation

Dans la plupart des cas, les malades sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, relativement jeunes, et vivant essentiellement en ville, selon l'OMS.

'Ce mode de transmission représente à la fois une opportunité pour mettre en place des interventions de santé publique ciblées, et un défi, car dans certains pays, les communautés affectées sont face à des discriminations qui menacent leur vie', a relevé le Dr. Tedros.

'Il y a une réelle inquiétude que les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes puissent être stigmatisés ou blâmés pour la flambée de cas, la rendant beaucoup plus difficile à tracer et à stopper', a-t-il averti.

L'Europe la plus touchée

Il faut donc 'travailler étroitement avec les communautés affectées dans toutes les régions' pour adopter 'les approches les plus efficaces', a poursuivi le directeur général, déplorant en outre le manque d'informations en provenance des régions d'Afrique centrale et de l'ouest, où le virus est endémique.

Selon les derniers chiffres de l'OMS publiés jeudi, au 20 juillet, l'Europe demeure la région la plus touchée avec près des trois quarts des cas, suivie par les Amériques (22.9%).

L'Espagne est le pays le plus touché au monde, avec 3125 cas, devant le Royaume-Uni (2137), l'Allemagne (2110), les Etats-Unis (1965), la France (912), les Pays-Bas (656), le Canada (604), le Portugal (515), le Brésil (384) et l'Italie (374). En Suisse, il y en avait quelque 216, selon les chiffres de l'OFSP de mercredi.

Rares vaccins

Dans 77,2% des cas, les malades sont des hommes âgés de 18 à 44 ans, et 98,1% des personnes ayant renseigné leur orientation sexuelle sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

L'agence de santé oeuvre en parallèle aux côtés des Etats-membres et des experts pour faire avancer la recherche et le développement autour du virus, alors que les vaccins sont rares.

L'entreprise danoise Bavarian Nordic, l'unique laboratoire produisant un vaccin autorisé contre la variole du singe, informait mardi avoir reçu une commande de 1,5 million de doses, majoritairement livrées en 2023, d'un pays européen dont le nom n'a pas filtré, alors que les Etats-Unis ont commandé 2,5 millions de doses supplémentaires.

/ATS