International

L'ONU appelle à évacuer ceux hors d'état de nuire à Marioupol

12.05.2022 10h41

L'ONU mandate une investigation spéciale sur plusieurs régions

La Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet s'est dite "choquée" par l'étendue des destructions à Marioupol.

Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

L'ONU a mandaté la Commission d'enquête internationale sur l'Ukraine pour une investigation spéciale sur les violations dans plusieurs régions. Jeudi à Genève, le Conseil des droits de l'homme a demandé à Moscou un accès aux civils acheminés d'Ukraine vers la Russie.

Dans une résolution approuvée par 33 Etats contre les oppositions de la Chine et de l'Erythrée et 12 abstentions au terme d'une session spéciale, il demande à la Commission d'enquête internationale qu'il avait lancée en mars dernier une investigation spéciale. Celle-ci portera sur les exactions dans les régions de Kiev, Tcherniguiv, Kharkiv et Soumy.

Un rapport devra être rendu en février prochain. Dans la région de Kiev, plus de 1000 cadavres ont été retrouvés, a affirmé jeudi la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet. La Chilienne devra relayer une évaluation des violations à Marioupol devant le Conseil lors de la session qui démarre mi-juin à Genève.

Au début de la session spéciale, Mme Bachelet avait relevé les souffrances subies par les habitants de cette ville. Elle s'est dite 'soulagée' que des centaines de civils aient pu quitter le complexe industriel où ont lieu les affrontements, grâce aux efforts du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de l'ONU salués jeudi par la Suisse devant les autres Etats.

Lors de la réunion, des dizaines de personnes manifestaient sur la Place des nations en faveur des 'défenseurs de Marioupol'. Selon l'ONU, qui n'a pas accès à la ville, les affrontements ont fait des milliers de victimes rien que dans celle-ci.

Commission boycottée

Dans sa résolution, l'instance onusienne appelle aussi Moscou à garantir un accès aux personnes acheminées depuis l'Ukraine vers la Russie ou les territoires contrôlés par les forces russes. Selon le gouvernement ukrainien, qui parle de déportations, jusqu'à 1,2 million de personnes au total auraient subi cette situation.

Des chiffres qui s'ajoutent aux plus de 6 millions de réfugiés depuis le début du conflit. Cette barre a été franchie dans les données publiées jeudi à Genève par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).

De son côté, le président de la Commission d'enquête internationale, le juge norvégien Erik Møse, a relevé que son entité avait déjà multiplié les dialogues. En revanche, Moscou n'a pas répondu à ses demandes.

Depuis Kiev, la vice-ministre des Affaires étrangères Emine Djeppar a appelé le Conseil à mettre Marioupol 'au sommet' de ses travaux et a ciblé la 'liste interminable' des violations des droits humains perpétrées par Moscou dans son pays.

Dans une déclaration commune, plus de 40 pays, dont la Suisse, avaient relayé leur 'consternation' face aux cas de torture, de détentions et d'exécutions arbitraires, de disparitions forcées ou encore de violences sexuelles. Les Etats-Unis ont accusé la Russie de continuer ses tentatives 'de cacher ses atrocités'.

L'ambassadrice ukrainienne à l'ONU à Genève Yevgenyia Filipenko avait justifié cette réunion par 'la détérioration significative' en termes de droits humains. Les effets se font sentir largement en dehors du pays, selon elle.

Nombreuses disparitions forcées

L'ONU a dénoncé depuis des mois de nombreux actes équivalant à des crimes de guerre. Elle a notamment pu vérifier des milliers de victimes civiles, des centaines d'exécutions illégales ou encore une dizaine de cas de violences sexuelles. Des centaines de disparitions forcées ont aussi été observées, dont dix attribuées aux forces ukrainiennes.

La Russie, suspendue par l'Assemblée générale de l'ONU du Conseil mais qui aurait pu participer comme observatrice, a boycotté la rencontre. Moscou avait annoncé ne pas vouloir s'associer à un 'spectacle politique biaisé' supplémentaire contre elle.

Cette 34e session spéciale a été organisée près de trois mois après le début urgent qui avait abouti au lancement de la Commission d'enquête internationale. Elle a été soutenue par plus de 50 pays, dont la Suisse.

/ATS