International

L'ONU dénonce « une violence gratuite » et de nombreux abus

11.05.2023 10h13

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU renforce la pression

Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk demande aux parties une trêve humanitaire au Soudan (archives).

Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Le Conseil des droits de l'homme a renforcé la pression sur l'armée et les paramilitaires au Soudan. Jeudi à Genève, il a demandé des cessez-le-feu aux niveaux national et local et condamné les violations. Le Haut commissaire demande lui aux Etats influents d'agir.

Dans une résolution approuvée par 18 voix pour contre 15 oppositions et 14 abstentions au terme d'une session spéciale, l'instance onusienne appelle l'armée et les paramilitaires à une 'extrême retenue'. Ces parties au conflit doivent mettre un terme aux abus perpétrés depuis près d'un mois, notamment les violences sexuelles, ajoute-t-elle.

Elles sont enjointes de faciliter l'accès humanitaire, alors que les pillages se sont multipliés dans le pays. Le Conseil leur demande d'arrêter de cibler les centres de santé ou les infrastructures.

Il a également donné comme mandat à l'expert indépendant de l'ONU sur le Soudan de surveiller et recueillir des indications sur les violations des droits humains. Le Haut commissaire aux droits de l'homme Volker Türk devra rendre un rapport en février prochain.

Devant l'instance, il a dénoncé jeudi une 'violence gratuite' depuis près d'un mois au Soudan. L'Autrichien s'en prend aussi bien à l'armée qu'aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui s'opposent depuis mi-avril. 'Les deux parties ont bafoué le droit international humanitaire (DIH)', a-t-il déploré.

Soudan pas content

Il reproche à l'armée d'avoir lancé des assauts indiscriminés, notamment des bombardements aériens, dans des territoires densément peuplés. Les paramilitaires ont eux expulsé une partie de la population de Khartoum de leurs habitations pour en faire des centres opérationnels. M. Türk a aussi dit avoir reçu des accusations de violences sexuelles, d'exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées.

Alors que les discussions piétinent sur un cessez-le-feu entre les généraux Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo, il a appelé à une trêve humanitaire pour permettre d'acheminer de la nourriture et de l'eau aux populations. Il demande à tous les Etats influents dans la région de favoriser une solution à cette crise.

M. Türk est aussi très inquiet des affrontements intercommunautaires au Darfour. Selon lui, ceux-ci ont déjà fait une centaine de victimes. 'Un énorme dommage a été commis' dans le pays. L'Autrichien redoute que ces violences n'éliminent des années d'efforts, en raison de la détérioration des infrastructures.

De son côté, l'ambassadeur soudanais à l'ONU à Genève, qui a présenté ses condoléances aux proches des victimes, a estimé 'précipitée' cette session spéciale. L'armée n'a fait que 'son devoir', affirme-t-il.

Discussion soutenue par la Suisse

Il demande 'davantage de temps' pour arracher un cessez-le-feu, estimant que la résolution envoie un 'message erroné'. Il a rappelé que la situation était discutée au Conseil de sécurité, sous présidence suisse, et qu'elle le serait lors d'une réunion prévue du Conseil des droits de l'homme dans quelques semaines.

Outre le Haut commissaire, des dizaines d'experts indépendants de l'ONU, qui ne s'expriment pas au nom de l'organisation, ont tiré la sonnette d'alarme. Dans une déclaration publiée jeudi à Genève, ils se sont dits 'perturbés' par les menaces contre les défenseurs des droits humains et ont demandé des investigations rapides et indépendantes sur toutes les violations.

Des dizaines de pays, dont la Suisse, avaient soutenu l'organisation de cette session spéciale. Devant le Conseil, une représentante de la mission suisse auprès de l'ONU à Genève a elle aussi appelé à un cessez-le-feu immédiat et dénoncé les 'conséquences humanitaires désastreuses' des violences.

Egalement jeudi, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreysues a dit que plusieurs épidémies avaient été constatées. Au total, les violences ont fait des centaines de victimes et des milliers de blessés. Près d'un million de personnes ont fui, à l'intérieur du Soudan ou dans d'autres pays.

/ATS