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L'Ukraine repousse une attaque nocturne de drones russes

30.12.2022 11h50

L'Ukraine repousse une attaque nocturne de drones russes

Une équipe de déminage ukrainienne évacue jeudi 29 décembre les restes d'un missile russe qui s'est abattu sur la capitale Kiev.

Photo: KEYSTONE/EPA/OLEG PETRASYUK

L'Ukraine a dit vendredi avoir repoussé une attaque nocturne de drones explosifs, lancée par la Russie moins de 24 heures après de nouveaux bombardements massifs contre les infrastructures énergétiques. Ces raids privent des millions d'Ukrainiens d'électricité.

Depuis octobre et une série de revers militaires sur le front, la Russie a adopté pour tactique de frapper avec ses missiles et ses drones les centrales et transformateurs électriques ukrainiens, plongeant la population dans le froid et le noir en plein hiver.

L'attaque de jeudi, employant des dizaines de missiles, était la dixième du genre et elle a été suivie d'une salve nocturne de drones explosifs Shahed, selon l'armée de l'air ukrainienne. Celle-ci a assuré vendredi matin avoir abattu les 16 appareils de fabrication iranienne qui avaient été lancés.

Le maire de Kiev Vitali Klitschko a indiqué que sept d'entre eux visaient la capitale. Deux ont été abattus 'à l'approche' de la ville et cinq autres au-dessus de celle-ci. Il n'y a pas eu de victimes mais des chutes de débris ont endommagé les fenêtres de deux immeubles dans un quartier du sud-ouest de Kiev, a-t-il ajouté.

Selon la présidence ukrainienne, d'autres drones ont été abattus dans les régions de Tcherkassy et Dnipro, dans le centre du pays.

Selon un bilan actualisé, 58 des 70 missiles de croisière tirés par la Russie ont été abattus jeudi. Et au total quatre civils ont été tués et huit autres blessés, selon le dernier bilan de la présidence ukrainienne vendredi.

Le ministère russe de la Défense a lui affirmé vendredi que ses 'frappes massives' de la veille avaient 'touchées toutes les cibles prévues'.

Des générateurs partout

Les coupures d'électricité restaient elles nombreuses vendredi, alors que le courant est déjà fortement rationné à travers le pays depuis des semaines. Les millions d'Ukrainiens qui n'ont pas de générateurs se préparent donc à devoir célébrer le Nouvel An sans courant électrique, parfois sans eau ou chauffage et sous couvre-feu.

Selon la compagnie d'électricité Ukrenergo, les 'conséquences des dommages sur le fonctionnement du réseau sont moindres que l'ennemi avait prévu (...) mais la situation dans le sud et l'est du pays reste difficile'.

L'opérateur de la capitale DTEK a dit être parvenu 'à stabiliser la situation à Kiev', permettant de revenir à des coupures de courant planifiées par quartier.

Pour faire face, les générateurs se sont multipliés dans les villes du pays. De Kiev à Lviv, ses appareils ronronnent sur les trottoirs pour alimenter notamment les commerces et restaurants et leur permettre de fonctionner.

Alors que l'invasion russe de l'Ukraine, lancée le 24 février, est entrée dans son dixième mois, les combats continuent de faire rage, avec une bataille particulièrement sanglante pour Bakhmout, ville de l'Est que la Russie tente de conquérir depuis des mois, et Kreminna, que les forces ukrainiennes tentent de reprendre.

Impact psychologique

Au sud de Bakhmout, l'AFP a rencontré le caporal 'Avatar', 24 ans, qui utilise un mortier donné par la Finlande, que ses hommes ont baptisé 'Oksana', du nom de sa femme.

'La situation est très compliquée pour nos hommes sur la ligne de front', relève-t-il.

Selon lui, les Russes envoient les mercenaires du groupe paramilitaire Wagner, présents dans la zone, 'à la boucherie'. 'Et ça finit par avoir un impact psychologique sur les militaires ukrainiens qui tuent ces hommes les uns après les autres', ajoute 'Avatar'.

La Russie, qui prévoyait une campagne éclair, a dû dès le printemps renoncer à prendre Kiev, se retirant du nord du pays, avant d'abandonner le nord-est en septembre, et une partie du Sud en novembre, face à une armée ukrainienne sur-motivée et forte de systèmes d'armements occidentaux.

L'Occident privé de voeux russes

Les perspectives de pourparlers de paix sont, elles, quasi inexistantes. L'Ukraine réclame le retrait total de l'armée russe, quand Moscou veut au minimum que Kiev lui cède les quatre régions dont le Kremlin revendique l'annexion depuis fin septembre, ainsi que la Crimée annexée en 2014.

Le président russe Vladimir Poutine a justifié début décembre la tactique de frappes massives affectant des millions de civils, la qualifiant de réponse à des attaques ukrainiennes contre des infrastructures russes.

Il présente aussi son invasion, au prix de lourdes pertes, comme 'une nécessité', assurant que l'Occident se servait de l'Ukraine comme d'une tête de pont pour menacer la Russie.

Le Kremlin a précisé vendredi que le président russe n'enverrait pas cette année de voeux de bonne année aux présidents américain Joe Biden, français Emmanuel Macron et au chancelier allemand Olaf Scholz 'compte tenu des actes inamicaux qu'ils entreprennent en permanence'.

Vendredi, lors d'un entretien par visioconférence avec le président chinois Xi Jinping, allié de la Russie, M. Poutine a estimé que les deux pays résistaient avec succès à l'Occident.

'Dans le contexte des pressions sans précédent et des provocations de l'Occident, nous défendons nos positions', a s'est félicité M. Poutine, prônant en outre de 'renforcer la coopération entre les forces armées de Russie et de Chine'.

/ATS