L'armée US affirme avoir tué en Syrie un chef de l'EI responsable d'attaques en Europe
Depuis la défaite territoriale de l'EI en Syrie en 2019, des centaines de soldats US déployés dans le nord-est du pays dans le cadre de la coalition anti djihadiste, continuent de combattre avec les Forces démocratiques syriennes et de cibler des membres présumés de l'EI.
Photo: KEYSTONE/AP/Darko BandicUn chef du groupe djihadiste Etat islamique (EI), responsable d'attaques perpétrées en Europe, a été tué lors d'une frappe américaine en Syrie mardi. C'est ce qu'a annoncé le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).
Le raid, qui s'inscrit dans le cadre des frappes américaines visant à décapiter l'EI après sa défaite en 2019 en Syrie, a visé le chef djihadiste dans une zone contrôlée par les jihadistes dans le nord-ouest du pays.
Khaled Aydd Ahmad al-Jabouri était 'responsable de la planification d'attaques de l'EI en Europe et en Turquie', et avait 'développé la structure de commandement de l'EI en Turquie', a indiqué le Centcom. Il a souligné que sa mort allait 'temporairement perturber la capacité de l'organisation à fomenter des attaques à l'étranger'.
Série d'attaques meurtrières
L'EI a revendiqué une série d'attaques meurtrières en Europe du temps de sa puissance, alors qu'il contrôlait de vastes régions en Syrie et en Irak où il avait proclamé un 'califat' et faisait régner la terreur.
Il avait notamment revendiqué les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et dans sa proche banlieue (130 morts), ainsi que celui de Nice, dans le sud-est de la France, le 14 juillet 2016 (86 morts).
Toujours en 2016, trois attentats-suicides en Belgique, notamment dans la région de Bruxelles, avaient fait une trentaine de morts au total. L'année suivante, des attentats revendiqués par l'EI les 17 et 18 août en Espagne, en particulier à Barcelone, avaient fait 16 morts.
En Turquie, l'EI a notamment revendiqué une attaque dans une boîte de nuit d'Istanbul le 1er janvier 2017, qui avait fait 39 morts.
Visé par un drone
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un drone américain a visé le responsable de l'EI dans la province d'Idleb, dans un secteur contrôlé par les djihadistes.
L'homme, un Irakien qui se faisait passer pour un Syrien et appeler Khaled, s'était réfugié dans cette région il y a dix jours, précise l'Observatoire qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie. Il a été visé par le drone alors qu'il marchait près de son domicile et parlait au téléphone, ajoute l'OSDH.
L'EI reste une menace
Son vrai nom est Khalil Abdallah al-Khulaif, selon Damien Ferré, fondateur de la société Jihad Analytics, qui analyse le djihad mondial. 'Comme toujours, il sera remplacé par un autre... Mais il ne faut pas trop minimiser l'évènement, car c'est encore un coup asséné au groupe', estime M. Ferré.
Pour le patron du commandement militaire américain au Moyen-Orient, le général Michael Kurilla, 'l'EI continue de représenter une menace pour la région et au-delà', selon le communiqué du Centcom. 'Même affaibli, le groupe reste capable de mener des opérations dans la région, avec la volonté de frapper au-delà du Moyen-Orient', a-t-il estimé.
'Il est clair que l'EI a toujours l'intention de frapper l'Europe et d'attaquer l'Occident, mais il a quelque peu du mal avec la partie opérationnelle de cette équation', abonde Colin Clarke, le directeur de recherche du Soufan group, un institut privé de renseignement et de sécurité américain. 'Et cela est dû en grande partie à la pression antiterroriste incessante sur le réseau', dit-il à l'AFP.
Attaques en Syrie
Depuis la défaite de l'EI en Syrie en 2019, plusieurs centaines de soldats américains, déployés dans le nord-est du pays dans le cadre de la coalition anti djihadiste, continuent de combattre avec les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) et de cibler des membres présumés de l'EI.
En octobre 2019, les Etats-Unis avaient annoncé la mort du chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, lors d'une opération américaine dans le nord-ouest de la Syrie. Ses deux successeurs avaient ensuite été tués: l'un en février 2022, dans le nord-ouest de la Syrie, et l'autre en novembre de la même année, dans la province de Deraa (sud).
Malgré sa défaite territoriale, l'EI continue de mener des attaques en Syrie, où le groupe djihadiste a visé récemment des civils qui ramassaient des truffes dans le désert, faisant des dizaines de morts.
Déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait environ 500'000 morts, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes.
/ATS