International

L'émissaire de l'ONU salue un « signal d'espoir » au Soudan

22.05.2023 16h41

La Suisse salue le cessez-le-feu à court terme au Soudan

L'ambassadrice suisse à l'ONU à New York Pascale Baeriswyl a demandé aux généraux soudanais responsables des violences d'entendre la population.

Photo: KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE

La Suisse salue le cessez-le-feu signé samedi par l'armée et les paramilitaires soudanais. Lundi devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York, elle a appelé les deux parties à un retour aux négociations pour une cessation durable des hostilités.

Ce cessez-le-feu d'une semaine, approuvé sous médiation saoudienne et américaine, entrait en vigueur lundi à 21h45. L'ambassadrice suisse à l'ONU à New York Pascale Baeriswyl, qui présidait la réunion du Conseil, a considéré qu'il était très important 'pour atténuer les souffrances de la population'.

Mais elle souhaite déjà que les affrontements puissent cesser plus longuement. La Suisse soutient les nombreux formats en cours pour tenter de pousser les parties à négocier cette approche.

Berne veut surtout que l'assistance humanitaire puisse atteindre les millions de Soudanais qui en dépendent et que les blessés soient évacués, conformément aux engagements pris par les parties il y a une dizaine de jours. La Suisse considère comme 'inacceptable' la situation humanitaire et les pillages perpétrés depuis mi-avril.

De nombreuses personnes n'ont plus eu durablement accès à de la nourriture, de l'eau potable ou à des soins pendant des semaines. Certains redoutent une détérioration des conditions qui pourraient mener à une famine. Selon l'ONU, plus de la moitié des 45 millions de Soudanais ont désormais besoin d'assistance humanitaire.

Demande d'entendre la population

'Nous sommes aux côtés des Soudanais', a insisté Mme Baeriswyl, présentant les condoléances de son pays aux proches des centaines de victimes des violences il y a dix jours à El-Geneina. De même, la Suisse appelle les militaires à entendre la 'voix des civils'. L'ambassadrice a déploré que la société civile n'ait pu participer au briefing devant le Conseil de sécurité, en raison des conditions sécuritaires.

Et Mme Baeriswyl de saluer également les efforts de l'émissaire de l'ONU Volker Perthes, malgré la situation difficile. Arrivé à New York depuis Port-Soudan, celui-ci a estimé que le cessez-le-feu d'une semaine donnait 'un signal' pour la population et 'montre que les violences peuvent être terminées si les deux parties l'honorent'.

Selon des sources soudanaises, plus de 860 civils ont été tués et des milliers blessés. De précédentes tentatives de cessez-le-feu ont été rapidement violées par les deux parties, mais celles-ci se sont engagées pour la première fois de manière plus solide.

Les combats continuent

Les deux camps ont annoncé vouloir respecter la trêve, mais à Khartoum, les habitants ont dit ne voir aucun préparatif. Et si les combats faiblissent habituellement la nuit, lundi soir, après l'entrée en vigueur officielle de la trêve à 21h45 (heure soudanaise et suisse), des habitants de la banlieue nord-est de Khartoum ont rapporté des affrontements à l'AFP.

Face à ceux qui accusent la communauté internationale de ne pas avoir su éviter les affrontements depuis mi-avril entre l'armée et les paramilitaires, M. Perthes renvoie la responsabilité à ceux-ci. Ils 'ont fait le choix de régler leurs divergences sur le champ de bataille, plutôt qu'à une table', a dit l'émissaire. 'C'est leur décision' et elles 'peuvent y mettre un terme'.

ONU inquiète de heurts intercommunautaires

Les parties 'doivent stopper les combats, autoriser l'assistance humanitaire, protéger les travailleurs humanitaires et permettre à ceux qui souhaitent fuir de le faire en sécurité', estime également M. Perthes. Et de garantir que l'ONU fera tout son possible pour augmenter son aide.

Plus d'un million de personnes ont fui depuis mi-avril, dont quatre sur cinq à l'intérieur du pays et le reste dans les pays voisins. Comme le haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés Filippo Grandi avant lui, M. Perthes appelle ces gouvernements à faciliter leur accueil. Plus largement, il redoute aussi une augmentation supplémentaire des violences intercommunautaires.

L'ONU se dit également prête à oeuvrer à terme dans un mécanisme de surveillance d'une cessation permanente des hostilités. M. Perthes a aussi promis qu'elle chercherait à en savoir davantage après des accusations récentes de violences sexuelles.

Raids aériens et explosions ont de nouveau frappé Khartoum lundi quelques heures avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. L'émissaire va continuer à dialoguer avec le général Abdel Fattah al-Burhane et son rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

/ATS