International

L'étudiante japonaise disparue décrite comme « solaire et joviale »

30.03.2022 15h22

'Des cris stridents, comme dans un film d'horreur': les hurlements entendus en pleine nuit dans la résidence universitaire de Narumi Kurosaki et les éléments à charge contre son ancien petit ami Nicolas Zepeda ont été au coeur du deuxième jour du procès pour assassinat du jeune Chilien, mercredi à Besançon.

'Des cris d'angoisse, de terreur, des cris de femme stridents, accompagnés de bruits sourds comme si on tapait contre le mur', rapportent en décembre 2016 aux enquêteurs une 'vingtaine' d'étudiants habitant dans la même résidence universitaire que la jeune fille.

L'un d'eux envoie même un message à un autre résident, à 03H21 dans cette nuit du 4 au 5 décembre 2016 : 'On dirait que quelqu'un est en train de se faire assassiner'...

'C'est obligatoire, il s'est passé quelque chose dans cette résidence cette nuit-là', souligne David Borne, enquêteur de la police judiciaire de Besançon, à la barre de la cour d'assises du Doubs. Mais les étudiants ne localisent pas l'origine des cris et personne n'appellera la police.

Recherches infructueuses

Nicolas Zepeda a reconnu au cours de l'instruction qu'il se trouvait avec l'étudiante japonaise de 21 ans, dans sa chambre, cette même nuit. Selon lui, les cris provenaient d'une relation sexuelle qu'il avait eue avec elle. Puis il l'aurait quittée vivante le 6 décembre, à l'aube.

Narumi Kurosaki ne sera finalement déclarée disparue que le 13 décembre, quand professeurs et proches s'inquiéteront de ne pas l'avoir revue depuis neuf jours.

'On a la certitude que Narumi est morte', a assuré M. Borne devant la cour, excluant catégoriquement un suicide ou une disparition volontaire. Mais en dépit d'intenses recherches, le corps de l'étudiante n'a jamais été retrouvé.

En chemise et cravate bleues, Nicolas Zepeda, qui avait clamé son innocence dès l'ouverture de son procès mardi, a écouté, impassible, ces témoignages.

Une ombre rôde

L'enquêteur de la police judiciaire est revenu aussi sur la présence d'un homme 'étranger' évoqué par deux étudiantes. L'inconnu se serait dissimulé dans l'enceinte de la résidence universitaire les jours précédents la disparition de Narumi.

Devant la cour d'assises, M. Borne a même révélé l'existence d'images de vidéo-surveillance, non exploitées lors de l'instruction, montrant une ombre rôder sous les fenêtres de Narumi dans la nuit du 1er au 2 décembre, à l'arrière du bâtiment.

Cette révélation tardive, 'hors de tout cadre procédural', a fait bondir la défense, engagée dans une vive passe d'armes avec les parties civiles.

David Borne a également rappelé que la géolocalisation de la voiture de location de Nicolas Zepeda avait révélé son départ de Besançon le 6 décembre à l'aube pour rejoindre une zone forestière isolée, non loin de Dole, dans le Jura. 'Une zone pas du tout touristique', a insisté l'enquêteur.

Vidéo 'glaçante'

En détention provisoire depuis l'été 2020 après son extradition par le Chili, Nicolas Zepeda n'a jamais nié avoir revu Narumi Kurosaki, qu'il avait rencontrée en 2015 dans une université japonaise avant une séparation houleuse à l'automne 2016.

Selon l'accusation, ne supportant pas la rupture, il l'a étouffée et s'est débarrassé du corps dans cette zone boisée avant d'envoyer des messages depuis les comptes de la jeune femme sur les réseaux sociaux, pour brouiller les pistes.

Les enquêteurs ont retrouvé aussi une 'vidéo glaçante', selon David Borne, effacée après avoir été mise en ligne le 7 septembre 2016, dans laquelle Nicolas Zepeda adresse des menaces à la jeune femme. 'La seule et unique piste qui ressort (de l'enquête) est celle qui mène à Nicolas Zepeda', a insisté l'enquêteur.

Tout en ordre dans la chambre

Dans la matinée, l'audience s'était concentrée sur les témoignages de connaissances de Narumi Kurosaki à l'Université. 'Narumi, on avait l'impression qu'elle mordait la vie à pleines dents', a témoigné Nicole Poirié, professeure de français au Centre de linguistique appliquée (CLA) de l'Université de Franche-Comté. L'enseignante a décrit une jeune fille 'solaire, brillante, souriante'.

Avant-dernière personne connue à avoir vu Narumi Kurosaki vivante, une camarade qui l'avait raccompagnée après leur répétition de danse le 4 décembre 2016, l'a décrite ce jour-là comme 'plutôt joviale, pas triste'.

L'état de la chambre étudiante qu'occupait Narumi tel qu'il est apparu après sa disparition reste l'un des points clés de cette affaire. A l'intérieur, ont raconté les témoins, tout était en ordre, y compris son sac à main, son ordinateur et son manteau d'hiver, alors que le froid était mordant en cet hiver 2016 à Besançon.

Le procès doit se poursuivre jusqu'au 12 avril.

/ATS